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Les nationalistes officiellement au pouvoir en Corse


Les candidats nationalistes de Pè a Corsica Jean Guy Talamoni (4ème à partir de la droite) et Gilles Simeoni (5ème) célèbrent leur victoire aux élections territoriales à Bastia, Corse, le 10 décembre 2017.
Les candidats nationalistes de Pè a Corsica Jean Guy Talamoni (4ème à partir de la droite) et Gilles Simeoni (5ème) célèbrent leur victoire aux élections territoriales à Bastia, Corse, le 10 décembre 2017.

Larges vainqueurs d'élections locales en décembre, les nationalistes ont officiellement pris le pouvoir mardi en Corse où, à défaut de viser l'indépendance dans l'immédiat, ils renforcent leur mainmise sur cette île française de la Méditerranée.

L'alliance entre l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni et l'autonomiste Gilles Simeoni a été officiellement investie à la tête de la nouvelle "super-région" corse, une instance inédite en France qui fusionne l'ancienne région et les deux départements de l'île, qui compte 330.000 habitants.

Après leur triomphe aux élections territoriales de décembre (56,5% des suffrages exprimés), les "natios" occupent 41 des 63 sièges de cette nouvelle collectivité installée à Ajaccio.

M. Talamoni, président sortant de l'ancienne assemblée, a été élu mardi président de cette assemblée avec 40 voix sur 63. Longuement applaudi, il a dédié sa victoire "à nos prisonniers et recherchés", dans un discours d'investiture entièrement prononcé en corse.

La Corse a été pendant des décennies le théâtre de violences avec plus de 4.500 attentats - provoquant très majoritairement des dégâts matériels - revendiqués notamment par les militants du Front de libération nationale de la Corse (FLNC) avant qu'ils déposent les armes en 2014. Une vingtaine de détenus sont considérés comme des "prisonniers politiques" par les nationalistes.

Les élus de l'Assemblée ont ensuite élu les membres de la Commission permanente puis du Conseil exécutif, sorte de "mini-gouvernement" corse de 11 membres, dont la présidence est revenue à Gilles Simeoni.

Cette cérémonie d'investiture pourrait relancer le bras de fer avec Paris. L'objectif affiché des deux dirigeants est un statut d'autonomie de plein droit pour l'île d'ici trois ans, et sa mise en oeuvre effective en dix ans.

Depuis l'écrasante victoire des nationalistes, le président français Emmanuel Macron ne s'est pas exprimé publiquement sur la Corse.

Dans la foulée de l'élection, la ministre Jacqueline Gourault avait été nommée le 12 décembre à la fonction informelle de "Mme Corse" au sein du gouvernement. Elle doit se rendre en Corse vendredi, a-t-on appris mardi auprès du ministère français de l'Intérieur.

Mardi matin, Gilles Simeoni a demandé sur la radio France Inter à M. Macron de "parler rapidement sur sa vision de la Corse et sa vision du dialogue" qui devra "s'engager entre la Corse et la République". Il a insisté sur le fait que M. Macron était "le mieux placé (...) pour donner le signal de l'ouverture de ce dialogue".

Le 12 décembre, le Premier ministre Edouard Philippe avait semblé fermer la porte aux revendications des dirigeants corses - co-officialité de la langue corse et du français, amnistie des "prisonniers politiques" et statut de résident corse permettant de protéger les insulaires de la spéculation immobilière - en estimant que toutes les réformes à venir devraient être "conformes au cadre constitutionnel".

"Si une Constitution ne permet pas de reconnaître un peuple, c'est à la Constitution de changer et pas au peuple de disparaître", a rétorqué Gilles Simeoni, sur la radio France Inter.

Avec AFP

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