Regina Odion est propriétaire d’une chambre froide installée dans le marché de Dutsé, situé dans la banlieue d’Abuja, la capitale fédérale du Nigeria. Elle a perdu 20% de son chiffre d’affaires depuis l’effondrement du réseau électrique national.
"La crise nous affecte sérieusement. La semaine dernière j’ai été obligée d’envoyer trois cartons de poisson à raison de 28000 Naira par carton au fumage. Ensuite j’ai partagé une partie aux gens et j’ai vendu une autre à bas prix. Je donnais même parfois cinq poissons à 1000 Naira. Voilà comment la crise nous a affectés. Nous avons perdu notre capital et les bénéfices qu’on devait gagner", confie-t-elle à VOA Afrique.
Le prix du diesel qui alimente le générateur de la chambre froide a quasiment triplé. Il était initialement vendu à environ 40 centimes le litre. Mais depuis quelques temps son prix est passé à 80 centimes. Et aujourd’hui il est passé à presque 1,60 euro.
Au cours des dernières semaines, le niveau d'électricité généré et servi au réseau national pour la livraison ultérieure aux clients a été extrêmement bas. Ophore James est vendeuse dans une boutique dans ce marché populaire.
"Pour les gens qui doivent utiliser de l’électricité pour leurs affaires, je sais qu’ils ont d’énormes difficultés en ce moment. Moi je suis juste une vendeuse et j’ai besoin de l’électricité dans ma boutique pour rendre l’environnement un peu agréable. Mais tout cela n’est pas le cas en ce moment".
Elisabeth Roland vit avec sa famille dans la grande cité de Gwarimpa. Elle affirme qu'au cours des deux derniers mois, la situation de l'électricité s'était aggravée, affectant ainsi son foyer.
"Le manque d’électricité est vraiment devenu un problème sérieux. Je ne dors pas la nuit et parfois votre téléphone est même éteint. Pour trouver le carburant, c’est un autre problème. Lorsque vous partez à la station, il faut payer d’abord quelque chose pour gagner l’essence. Ce n’est pas vraiment facile".
Les autorités attribuent le mauvais approvisionnement en électricité à l’échelle nationale à la faible production d'électricité du réseau national.
Une situation qui entraîne des délestages récurrents dans les zones touchées. Bode Longe, consultant stratégiste et expert en électricité explique à VOA Afrique que "sur le plan stratégique quel est le problème ? La réalité est que ces problèmes sont connus. Tout dépend de ce que vous faites le moment opportun pour prévenir la période de crise. Donc je pense que mettre en place des initiatives pourrait nous aider à éviter de telle situation. Nous savons que c’est un problème périodique, qui arrive souvent. Nous devons juste prêter attention à cela".
Dans la capitale fédérale Abuja comme dans d’autres Etats du pays, la mauvaise alimentation électrique ou les pannes d'électricité persistent depuis plus d'un mois.
Mais le ministre nigérian de l’énergie, Abubakar Aliyu, rassure."Nous avons rétabli le réseau électrique. Nous travaillons sur ça maintenant. Nous essayons de maintenant d’ajouter plus de mégawatts dans le réseau. Tout ce problème est lié au gaz et nous sommes en train de trouver des solutions. Ce qui pourrait prendre quelques jours".
Malgré cette crise sans précédent, les autorités nigérianes ont confirmé ce week-end la suppression totale des subventions sur l'électricité, dont les tarifs ont légèrement augmenté au mois de février. Mercredi, le président nigérian Muhammadu Buhari a présenté ses excuses à ses concitoyens et promet de résoudre le problème dans les prochains jours.