Pour de nombreux Brazzavillois, la gratuité de l'eau et de l'électricité n'a rien d'un cadeau: les coupures intempestives du courant rendent insupportable le confinement décidé par les autorités.
"Nous vivons cette mesure de gratuité comme d'habitude avec des délestages imprévisibles et incessants, qui se sont d'ailleurs accentués en cette période", dénonce Mermans Babounga, secrétaire exécutif de l'Association des droits de consommateurs.
"Nous sommes en train de vivre une situation assez compliquée, avec une électricité qui vous est fournie presque un jour sur cinq. Et toutes les réserves de nourriture que nous faisons se décomposent", témoigne un habitant du quartier Mfilou à Brazzaville.
Pour un autre Brazzavillois, habitant au quartier de Mikalou, on ne peut pas être satisfait de la fourniture de l'électricité. "On sait qu'il y a toujours des problèmes, et combien de fois pendant cette période de confinement", s'interroge-t-il, dépité.
Saluant la mesure prise par le gouvernement, l'ancien ministre Alain Akouala nourrit quand même la crainte de rappel de factures, une fois la crise sanitaire passée.
"Est-ce que l'Etat aura les moyens de faire face à cette gratuite ? C'est une responsabilité souveraine. Il ne faut pas que ce soit simplement un report des factures que les populations devront payer plus tard", dit-il.
Il y a deux mois, le gouvernement avait mis en service à Pointe-Noire une troisième turbine à la centrale à gaz de Djeno pour un coût d'environ un milliard et demi de dollars. Brice Makossso, membre de la société, s'interroge sur l'impact d'un tel projet sur la vie des population.
"Nous faisons un constat que le gouvernement a suffisamment investi dans les infrastructures électriques, mais dans les deux principales villes, il n'y a toujours pas d'électricité", indique l'acteur de la société civile qui appelle à un audit des fonds investis dans ce projet intégré entre le Congo et la société pétrolière Eni.
Jean Adou Ndanga, directeur général de la société Energie électrique du Congo, justifie les délestages récurrents dans les villes congolaises. "Le délestage, oui! Mais cela veut dire quoi? Le poste est surchargé, on enlève quelques clients et on alimente d'autres, ainsi de suite. Les clients ne peuvent pas rester 24 heures dans l'obscurité, ce n'est pas possible. Le délestage c'est 8 heures, sinon il y a défaillance", affirme le directeur Adou Ndanga.
Avec 117 cas déclarés, 11 guéris et 5 décédés, le Congo-Brazzaville va poursuivre son confinement jusqu'en fin avril.