Le président palestinien Mahmoud Abbas s'est entretenu par téléphone avec plusieurs dirigeants étrangers --dont les présidents français Emmanuel Macron et turc Recep Tayyip Erdogan-- "pour leur expliquer les dangers que comporterait toute décision de transférer l'ambassade (américaine) à Jérusalem ou de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël", a indiqué son conseiller diplomatique, Majdi al-Khalidi.
M. Abbas a mis en garde ses interlocuteurs sur les "conséquences d'une telle décision (américaine) qui va menacer le processus politique et les efforts de paix", a-t-il ajouté.
"L'instauration d'un Etat palestinien indépendant et souverain, avec Jérusalem-Est comme capitale, est nécessaire pour assurer la paix et la stabilité au Moyen-Orient", a déclaré M. Erdogan à M. Abbas, selon des sources présidentielles citées par l'agence de presse turque Anadolu.
Mahmoud Abbas chercherait également à obtenir la tenue d'une réunion d'urgence de l'Organisation de la coopération islamique et de la Ligue arabe, selon des sources palestiniennes.
Le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erekat et le chef des renseignements au sein de l'Autorité, Majed Farraj ont également eu des entretiens à Washington à ce sujet, a ajouté Majdi al-Khalidi.
M. Erekat a affirmé dimanche dans un communiqué que reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël "va encourager l'anarchie internationale". Selon lui, les Etats-Unis vont dans ce cas se "disqualifier et ne pourront pas avoir le moindre rôle dans toute initiative visant à parvenir à une paix juste et durable".
Les islamistes du Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, ont appelé à une "nouvelle Intifada" si Washington reconnaît Jérusalem comme capitale d'Israël ou annonce le transfert de l'ambassade américaine dans la ville sainte.
Donald Trump pourrait décider lundi de transférer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, ce qui constituerait un tournant dans la politique américaine auquel s'oppose pratiquement toute la communauté internationale.
La décision est très attendue, le statut de Jérusalem étant l'une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien.
Le président américain avait promis durant sa campagne de déménager l'ambassade à Jérusalem, comme le stipule une loi du Congrès adoptée en 1995 mais dont l'application est bloquée tous les six mois, depuis deux décennies, par les présidents américains successifs.
La prochaine échéance intervient lundi, selon le département d'Etat, qui a réaffirmé vendredi à l'AFP qu'aucune décision n'avait encore été prise.
Les négociations entre Israël et les Palestiniens sont enlisées depuis plus de trois ans. M. Trump est arrivé à la Maison Blanche en proclamant haut son rêve de présider à l'accord "ultime" entre Israéliens et Palestiniens. Depuis janvier, il laisse quelques émissaires très proches, dont son gendre Jared Kushner, opérer dans le plus grand secret.
La communauté internationale n'a jamais reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël, ni l'annexion de sa partie orientale conquise par l'Etat hébreu en 1967, si bien que les ambassades étrangères sont installées à Tel-Aviv. Les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Avec AFP