Le chef de l'Etat a été réélu avec 53,16% des voix mais une participation de 35,25% seulement lors du scrutin du 27 décembre, car deux électeurs inscrits sur trois n'ont pas voté essentiellement en raison de l'insécurité.
La Cour constitutionnelle, tout en le reconnaissant, a validé lundi les résultats de la présidentielle après avoir rejeté tous les recours déposés par 13 des 16 candidats battus par M. Touadéra.
La haute juridiction doit maintenant se pencher sur les résultats provisoires des législatives, qui se sont tenues le même jour.
La coalition de l'opposition démocratique (COD-2020) "ne reconnaît pas la réélection" de M. Touadéra, "déclaré vainqueur avec seulement 17% du corps électoral" et dénonce dans un communiqué une "mascarade" en raison d'"innombrables fraudes et irrégularités".
"fraudes et irrégularités"
La Cour constitutionnelle a bien annulé ou redressé les résultats de certains bureaux de vote pour des irrégularités, mais a jugé lundi que "compte tenu de l'ampleur de l'écart des voix", leur impact "n'a pas pu inverser les résultats.
"La Cour constitutionnelle, au lieu de dire le droit, a rendu une décision sur la base de motivations politiques", ont dénoncé les membres de la COD-2020.
"Les innombrables fraudes et irrégularités qui ont émaillé ces élections, pour lesquelles l’opposition a apporté des éléments de preuve, ont été ignorées par la Cour constitutionnelle", ont-ils ajouté.
"Nous sommes une coalition et nous disons tout haut ce qu'un certain nombre de personnalités politiques pensent tout bas", a déclaré à l'AFP l'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé, arrivé deuxième du scrutin présidentiel avec 21,69% des voix et dont le parti a signé le communiqué de la COD-2020.
"Au lieu de réconcilier les Centrafricains, les élections présidentielle et législatives ont en effet davantage polarisé le paysage politique et la société centrafricaine" a estimé auprès de l’AFP Hans de Marie Heungoup, analyste pour l’Afrique centrale à l'International Crisis Group (ICG).
Réconciliation nationale
Lundi, le président Touadéra a fait son premier discours depuis sa réélection officielle, appelant à la réconciliation nationale et déclarant tendre la main à l'opposition démocratique. Il a en revanche fermement condamné l'offensive rebelle déclenchée huit jours avant la présidentielle.
"Les auteurs, coauteurs et complices présumés de ces crimes imprescriptibles commis contre le peuple centrafricain seront recherchés, arrêtés et traduits devant les juridictions compétentes", a-t-il affirmé.
Il a accusé une nouvelle fois l'ancien président François Bozizé renversé par un coup d'Etat en 2013 et dont la candidature à la présidentielle avait été invalidée par la Cour constitutionnelle, d'avoir "conçu la rébellion, réuni les moyens et mis le feu au pays".
Depuis qu'ils ont juré de "marcher sur Bangui", les rebelles mènent des attaques sporadiques mais parfois violentes, généralement loin de la capitale, même si deux attaques simultanées d'environ 200 assaillants ont été repoussées le 13 janvier à Bangui.
Les rebelles se heurtent jusqu'à présent à des forces bien supérieures en nombre et lourdement équipées: quelque 12.000 Casques bleus de la force de maintien de la paix de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca), présents depuis 2014, mais aussi des centaines de militaires rwandais et paramilitaires russes dépêchés fin décembre par leurs pays à la rescousse de M. Touadéra et d'une armée démunie.
Dans le deuxième pays le plus pauvre du monde, plus de la moitié des habitants ont besoin d'assistance humanitaire et un quart ont fui leur domicile depuis le début de la guerre civile en 2013, selon l'ONU.
Depuis l'offensive rebelle, quelque 60.000 Centrafricains ont de nouveau fui les violences, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés (CRH) à Genève.