Ces procès donnent lieu à de diverses interprétations auprès des populations qui restent éveillées à suivre jusqu’à très tard dans la nuit la diffusion des audiences sur la télévision nationale.
Chacun se fait sa propre opinion.
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L’opposition estime que tous ces procès sont cousus de fil blanc.
Eric Mampouya, membre de la Fédération de l’opposition congolaise dit comprendre les velléités des généraux à vouloir renverser les institutions.
"… parce qu’en face, il y a un monsieur qui est surarmé, qui ne fait rien pour soulager les souffrances des Congolais, et cela fait 50 ans que ça dure. Aux prochaines élections, c’est encore eux. Alors quelle est l’alternative qui reste ? Je ne suis pas pour la violence, mais à un certain moment, on peut la comprendre. Je comprends les généraux qui gèrent de gauche à droite. Quel est le Congolais qui n’a pas eu l’intention de changer les autorités pour voir ce que ça va donner ", déclare l’opposant Eric Mampouya, dénonçant des simulacres de procès qui dénigrent l’image du Congo à l’extérieur.
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En réaction à la condamnation du général Mokoko à 20 ans de prison ferme, la présidente de la Fédération de l’opposition, Claudine Munuari, a écrit au procureur de la République, lui demandant de l’incriminer et de lui faire faire un procès, car elle aussi aurait des intentions assimilables à l’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat, crime pour lequel le général opposant a lourdement été châtié.
Mais au niveau du Parti congolais du travail (PCT), le principal parti au pouvoir, les dirigeants appellent à la sérénité et à faire confiance à la justice.
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"La ligne de notre parti est clair : le parti ne se mêle pas du tout de ce qui se fait au niveau de la justice. Nous faisons confiance à la justice de notre pays. Nous ne sommes pas dans un pays où le pouvoir judiciaire est aux ordres du pouvoir politique. Dans les deux procès qui viennent d’avoir lieu, il y a un qui a fait un pourvoi en cassation, il y a un autre qui a dit non ! C’est la liberté, l’Etat de droit c’est cela", indique Serge Michel Odzoki, porte-parole du PCT.
Analysant les faits avec le recul, le professeur Raymond Timothée Makita épingle une crise de palais qui pourrait faire mal au régime.
"En général, les procès qui ont eu lieu dans notre pays concernant les affaires politiques consistaient toujours en la réaction du pouvoir vis-à-vis de l’opposition. Mais, cette fois-ci, la contestation est à l’intérieur même du système. Cela explique ce schisme au sein du PCT. Quand on parle du général Mokoko, du général Dabira ou de Okombi Salissa, c’est quand-même des officiers qui sont très proches du président Sassou et qui l’ont même ramené au pouvoir en 1997. On ne peut comprendre ce qui se passe que par un désir de renouvellement et puis des ambitions politiques de ceux qui pensent que leur heure a aussi sonné", commente l’universitaire qui ajoute que la lourde condamnation du général Mokoko ne va pas dans le sens de l’apaisement au sein du système.
Mercredi 23 mai 2018, s’ouvre un autre procès, celui de l’ancien ministre de la Justice Jean Martin Mbemba, accusé d’atteinte à la sureté intérieure de l’Etat et dont le coaccusé, le colonel Jean Claude Mbango est en détention préventive depuis 2013.