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Les pygmées boudent la fermeture de la chasse au Congo-Brazzaville


Les populations autochtones à Kabo dans la Sangha boudent la fermeture de la chasse, à Congo-Brazzaville, le 7 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Les populations autochtones à Kabo dans la Sangha boudent la fermeture de la chasse, à Congo-Brazzaville, le 7 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Le gouvernement congolais a annoncé la fermeture de la chasse, pour permettre aux animaux de se reproduire pendant les six prochains mois. Mais les communautés forestières, notamment les populations autochtones ou les pygmées, estiment qu’elles ne pourraient pas vivre sans viande de brousse.

La chasse est fermée. Les populations autochtones de Sembé et de Kabo, localités de la Sangha, pensent que la loi désert leurs intérêts, car elles ne savent pas pratiquer l’élevage et ne font pas l’agriculture.

"Six mois sans chasser, nous ne pouvons pas supporter. C'est vrai qu'il y la loi, mais il nous faut chasser la gazelle, le Ngandi, sinon on ne peut pas vivre avec la famille", affirme un autochtone de Sembé.

"C'est très difficile. C'est pourquoi on sera obligé d'aller chasser, même si la loi l'interdit. Nombreux parmi nous ne mangent pas les produits de l'élevage tels que les poulets ou les moutons", ajoute un autre du district de Kabo.

Jacob Zalague, chasseur autochtone au village Attentation, à Congo-Brazzaville, le 7 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Jacob Zalague, chasseur autochtone au village Attentation, à Congo-Brazzaville, le 7 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Un autochtone du village Attention, dans le district de Mokeko, Jacob Zalague stigmatise même les abus des éco-gardes en cette période de fermeture.

"Les écogarde nous empêchent de chasser. S'ils vous croisent en chemin, même avec de la viande autorisée comme la gazelle ou le porc-épic, ils ravissent tout. Si vous avez la malchance, ils saisissent le fusil. Or, nous n'avons pas de fusil, nous le louons ici à Attention à 2000 francs CFA le jour", témoigne Jacob Zalague.

La société civile plaide pour que les populations autochtones qui habitent les forêts continuent à se nourrir de la viande de brousse, conformément au droit d’usage.

Sylvie Mfoutou Mbanga, présidente de l'ODDHC, plaide pour le respect du droit d'usage, à Congo-Brazzaville, le 7 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)
Sylvie Mfoutou Mbanga, présidente de l'ODDHC, plaide pour le respect du droit d'usage, à Congo-Brazzaville, le 7 novembre 2018. (VOA/Arsène Séverin)

Sylvie Mfoutou MBanga est la présidente d’une plate-forme sur la gouvernance forestière.

"Il y a des abus des écogardes. La communauté des autochtones de Kabo nous signale par exemple que les éco-gardes vont jusque dans les maisons pour rechercher la viande, alors que ces populations ont le droit d'usage", dénonce l'activiste.

Le gouvernement appelle tous ceux qui pratiquent la chasse à rester cette période de fermeture. Roger Albert Mbete, conseiller à la faune et aux aires protégées au ministère de l’Économie forestière.

"Pendant cette période, la réglementation en vigueur prévoit également pour nos communautés riveraines, le droit d'usage traditionnel lié à l'autoconsommation. Mais, pendant cette période, il y a certaines techniques de chasse qui sont prohibées, tel que le piège au câble électrique", souligne le fonctionnaire de l'État. La reprise de la chasse est fixée au 1er mai 2019.

Arsène Séverin, envoyé spécial à Sembe dans la Sangha

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