Dans son rapport annuel sur la "répression transnationale", soit la projection par ces régimes de leur appareil coercitif sur leurs ressortissants hors de leurs frontières, l'ONG de promotion de la démocratie souligne que ces restrictions de mouvement constituent un élément "souvent moins visible" de leur arsenal.
Le phénomène de "répression transnationale" est apparu au grand jour avec l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul, en octobre 2018. Il était d'ailleurs venu y récupérer des documents pour pouvoir se marier avec sa fiancée turque.
Au total, 55 Etats utilisent au moins l'un de ces quatre types de restriction de la liberté de circulation de leurs citoyens, selon le rapport, réalisé à partir d'entretiens avec 31 personnes affectées, du Belarus, d'Inde, du Nicaragua, du Rwanda et d'Arabie saoudite.
Ces mesures peuvent viser aussi bien des dissidents individuels, comme les militants pour la démocratie à Hong Kong en exil au Royaume-Uni, dont les passeports ont été révoqués en juin, que des groupes entiers comme les Erythréens à l'étranger, relève l'ONG.
C'est au Moyen-Orient que la mesure la plus grave, la déchéance de nationalité, est le plus répandue : sur la décennie écoulée elle a frappé des centaines de personnes à Bahreïn, en Egypte, au Koweït et aux Emirats arabes unis.
En 2023, le pouvoir nicaraguayen a déchu de leur nationalité 222 opposants détenus après les avoir expulsés vers les Etats-Unis.
"Je n'ai pas d'identité légale au Nicaragua et mes enfants n'ont ni père ni mère parce que ni leur père ni leur mère n'existent" aux yeux des autorités, a confié à Freedom House le fondateur du site d'information Confidencial Carlos Fernando Chamorro.
Parmi les 55 Etats, au moins 40 imposent des interdictions de quitter le pays ou d'y entrer, soit le procédé le plus courant en matière de restriction de mouvement, selon le rapport. Dans de nombreux cas, comme en Inde ou en Arabie saoudite, la liste n'étant pas officielle, les personnes visées ne l'apprennent qu'à l'aéroport ou par des rumeurs.
De plus, 38 de ces Etats entravent les déplacements de leurs ressortissants par le contrôle des documents de voyage, essentiellement en révoquant ou confisquant leurs passeports ou en refusant de les délivrer. Et 12 leur dénient l'accès à leurs services consulaires à l'étranger, précise l'ONG.
Avec de lourdes conséquences au quotidien, pour ouvrir un compte en banque ou faire enregistrer la naissance d'un enfant. Dans ses recommandations, Freedom House exhorte notamment les Etats démocratiques à examiner leurs politiques en matière d'immigration et d'asile afin de s'assurer qu'elles ne favorisent pas de telles pratiques.
Déchéance de nationalité, interdiction de voyage, rétention de documents d'identité ou refus de services consulaires : les Etats autoritaires répriment leurs opposants en entravant leur liberté de mouvement à l'étranger, prévient jeudi l'organisation américaine Freedom House.
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