La semaine dernière, le Nigeria Labour Congress (NLC) et le Trade Union Congress (TUC), deux importantes organisations de travailleurs, avaient appelé à une grève nationale illimitée à compter de mercredi 18 mai. Ils avaient prévenu qu'ils poursuivraient leur mouvement jusqu'à ce que le prix de l'essence à la pompe soit abaissé de 145 nairas (0,64 euro) à 86,50 nairas (0,38 euro) le litre.
Mais mardi, à la veille de l'ultimatum, le TUC et une grande partie du NLC ont finalement accepté de suspendre l'appel à la grève et de poursuivre les négociations avec le gouvernement.
Seule une faction du NLC, menée par son président Ayuba Wabba, a maintenu son appel, et ce malgré une décision judiciaire rendue mardi lui interdisant de lancer une telle action.
Le ministre de la Justice avait déposé plainte auprès de la Cour industrielle contre les deux syndicats, estimant qu'une grève causerait "des souffrances innombrables et des problèmes de sécurité inimaginables à travers le pays", mais aussi que les syndicats n'avaient pas respecté la procédure, n'ayant pas fourni de préavis de grève.
En dépit de l'obstination de certains membres du NLC, depuis mercredi, la grève n'a finalement été que très peu suivie et n'a eu qu'un impact très limité.
Le Nigeria, première puissance économique du continent, traverse une grave crise économique et financière causée par la chute mondiale des cours de pétrole, principale source de revenus de l'Etat et de réserves en devises.
Par ailleurs, le sous-secrétaire d'Etat au Pétrole, Emmanuel Kachikwu, a déclaré la semaine dernière que la production nigériane de brut avait encore baissé, pour ne plus atteindre qu'1,4 million de barils par jour (bpj). Or, le budget 2016 est basé sur une production de 2,2 millions de bpj.
Dimanche, lors d'une conférence de presse, M. Wabba a annoncé que le NLC "avait décidé de suspendre immédiatement l'action commencée mercredi". Le syndicat "reprendra les négociations avec le gouvernement à la fois sur la hausse du prix de l'électricité et celui de l'essence à la pompe", a-t-il ajouté.
Si Nigeria exporte son brut, il est contraint d'importer des produits pétroliers, en raison de sa faible capacité de raffinage.
Le pays maintenait jusqu'ici un prix bas à la pompe en subventionnant les importateurs de carburant. Mais face à la pénurie de devises étrangères et à la corruption du système, il a décidé récemment d'y mettre fin, faisant ainsi remonter fortement les prix du pétrole.
Avec AFP