Le 15 août 2021, les talibans faisaient une entrée spectaculaire dans Kaboul, entraînant la fuite du gouvernement et la débâcle de la coalition occidentale menée par les États-Unis qui les avait chassés du pouvoir 20 ans plus tôt.
"Le Jour de la victoire est un jour de fierté pour le peuple afghan", a déclaré le Premier ministre Mohammad Hassan Akhund à la veille des célébrations dans le pays de près de 45 millions d'habitants. Il a "félicité du fond du cœur (...) la nation (pour) sa victoire décisive sur une force d'occupation internationale arrogante".
C'est d'après le calendrier afghan (et perse) que se déroulent le 14 août les célébrations que les talibans veulent éclatantes, dans leur émirat où ils appliquent la loi islamique de manière ultra-rigoriste et ne tolèrent aucune contestation.
Dès 08H00 (04H30 GMT), un défilé militaire est prévu dans l'immense base de Bagram, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kaboul, selon le programme communiqué par les autorités. Le lieu est hautement symbolique: cette base aérienne avait été le coeur névralgique des opérations américaines contre les insurgés talibans. Ceux-ci l'avaient reconquise le jour même de la chute de Kaboul.
Les forces de sécurité devraient défiler avec de nombreux équipements militaires récupérés à la suite du départ précipité des forces occidentales, après les discours de hauts responsables tels que le Premier ministre et le ministre de la Défense Mohammad Yacoub.
Programmes télévisés spéciaux
Un rassemblement populaire est ensuite prévu en milieu de matinée dans un lieu non précisé de Kaboul. Des milliers d'Afghans ont été conviés dans la capitale depuis une demi-douzaine de provinces du centre. Mais tout le pays doit célébrer le Jour de la victoire.
Au programme de ces festivités de rue kaboulies que les journalistes femmes – afghanes et étrangères – n'ont pas été autorisées à couvrir: des performances d'athlètes et des lectures de poésie. Les avenues, ronds-points et parcs de Kaboul ont été décorés de milliers de drapeaux blancs et noirs de l'Émirat islamique.
Les forces de sécurité sont mobilisées en nombre, le risque principal semblant être un nouvel attentat du groupe jihadiste État islamique, après celui qui a fait un mort dans un quartier chiite de Kaboul dimanche dernier. L'invisible et mystérieux émir Hibatullah Akhundzada, qui vit dans le fief taliban de Kandahar (sud) et dicte la marche du pays par décrets, pourrait s'exprimer mercredi.
Depuis plusieurs jours, la télévision a multiplié les programmes autour de cet anniversaire: logo spécial et longues interviews de ministres talibans. Sur un bandeau de la chaîne RTA, on pouvait lire: "La fierté (des Afghans) vient du sang versé par des milliers de martyrs".
Après trois ans d'administration talibane, l'Afghanistan reste l'un des pays les plus pauvres du monde, avec une croissance anémique, un chômage massif et une grave crise humanitaire.
Le gouvernement taliban n'est toujours reconnu par aucun pays en raison de ses mesures liberticides contre les femmes, progressivement exclues du monde du travail et de l'éducation. Mais Kaboul a enregistré des gains diplomatiques en nouant des relations avec les pays voisins ainsi que la Chine et la Russie et a ouvert un dialogue avec l'Occident en participant en juin, pour la première fois, aux discussions de Doha.
"Les pays qui coopèrent avec les talibans devraient leur rappeler leurs abus contre les femmes et les filles", a déclaré l'ONG Human Rights Watch dans un communiqué à l'occasion de cet anniversaire. "Les donateurs devraient apporter une aide à ceux qui en ont le plus besoin et oeuvrer à une solution durable à la crise humanitaire en Afghanistan".
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