Dans un message posté samedi soir sur leur site web, les NDA disent vouloir "discuter autour d'une table avec le gouvernement du Nigeria, des représentants des pays d'où sont issues les multinationales pétrolières et des membres de la communauté internationale neutres".
Des rumeurs de négociations entre Abuja, les multinationales et les NDA avaient émergé il y a plusieurs semaines. Le gouvernement du président Muhammadu Buhari a invité les rebelles à dialoguer à plusieurs reprises, mais le groupe n'avait jamais reconnu officiellement être en pourparlers, déclenchant une opération militaire renforcée dans le delta le mois dernier.
Depuis quand existent les NDA ?
Les attaques contre les installations pétrolières dans la région du delta (Sud), courantes jusqu'en 2009, ont repris très exactement le 10 février, lorsque des militants ont fait exploser le gazoduc de Bonny Soku.
Bien que peu médiatisé à l'époque, ce sabotage marquait les débuts d'un groupe jusqu'alors inconnu: les Vengeurs du Delta du Niger (NDA). Ils ont revendiqué l'attaque indiquant qu'ils ambitionnaient de réduire à néant la production pétrolière du Nigeria.
La production de pétrole, qui compte pour 70% des revenus de l'Etat, a diminué de 21,5% par rapport au mois de janvier, selon les chiffres de l'Opep pour juillet.
La semaine dernière, le ministre nigérian du Pétrole, Emmanuel Ibe Kachikwu, déclarait que 1.600 oléoducs avaient été "vandalisés" depuis le mois de janvier. beaucoup de ces attaques relèvent de sabotages plus "artisanaux" dans les mangroves du delta, mais les NDA ont su viser les oléoducs et les plateformes stratégiques de la production pétrolière du pays.
A la suite de ces sabotages et de la chute des cours du brut, le Nigeria a perdu sa place de première économie et de premier exportateur de pétrole d'Afrique.
Que veulent-ils ?
Dans leur acte de naissance, les NDA réclament l'attribution de 60% des blocs pétroliers en faveur des communautés locales, la libération immédiate du leader indépendantiste pro-Biafra Nnamdi Kanu et le maintien du traité d'amnistie tel qu'il a été signé par le précédent gouvernement de Goodluck Jonathan en 2009.
Les attaques contre les installations pétrolières étaient monnaie courante dans le delta du Niger, jusqu'à la mise en place d'une politique d'amnistie grâce à laquelle 30.000 ex-rebelles reçoivent environ 200 dollars par mois pour déposer les armes.
Il inclut également des formations, des bourses universitaires et des contrats de sécurité. Le gouvernement de Jonathan avait prévu que 10.000 militants rejoignent ce programme, mais 7 ans plus tard ils seraient près de trois fois plus.
"Beaucoup de jeunes sans emplois ou des criminels" ont souscrit, explique Lydelle Joubert du centre indépendant d'analyse des risques maritimes Piracy Report.
Le président Muhammadu Buhari, arrivé au pouvoir en 2015, a annoncé en début d'année qu'il mettrait fin progressivement au programme et a interrompu certains contrats, qui s'apparentaient davantage à de la corruption organisée qu'à une vraie politique d'amnistie avant de se raviser début août.
"Ces violences sont un résultat direct des pertes de revenus des militants, et de la perte de pouvoir de certains individus qui détiennent (...) des connexions privilégiées dans le milieu du pétrole", poursuit Mme Joubert dans son dernier rapport.
"Il n'y aura pas de solution sur le court terme pour l'administration Buhari. Seul un développement économique, qui démontrerait que la population locale peut bénéficier des revenus pétroliers et des mesures anti-corruption, sera crucial".
Les négociations peuvent-elles aboutir ?
Dans un message posté ce week-end sur leur site web, les NDA s'engagent "à observer une cessation des hostilités". Mais ils posent des conditions.
Le "parti au pouvoir" doit arrêter "les intimidations, invasions et les agressions contre les citoyens innocents, (...) notamment de la communauté Ijaw", qui représente la majorité des habitants des Etats de Delta, de Bayelsa et de Rivers.
Ils veulent être représentés par leur chef, Edwin Clark, et insistent pour que des "membres internationaux neutres" assistent aux négociations. "Ils n'ont pas confiance dans le gouvernement d'Abuja", note Don Okerere, spécialiste en sécurité basé à Lagos.
"C'est une bonne nouvelle que les NDA acceptent de négocier", poursuit le consultant. "Mais je n'imagine pas que le gouvernement puisse répondre à leurs conditions".
Même si cela n'est pas mentionné dans leur dernier communiqué, les NDA ont menacé de déclarer l'indépendance du Delta (Biafra) le 1er octobre, jour de la fête d'indépendance nationale. Contrairement au Mend, groupe armé historique des années 2000, ils affichent des ambitions clairement séparatistes et ont le soutien des leaders "pro-Biafra".
La guerre du Biafra, de 1967 à 1970 a fait près de 2 millions de morts et reste un souvenir particulièrement douloureux et sensible au Nigeria.
Avec AFP