De nouveaux travaux sur l’évolution de la tuberculose permettent d’espérer la mise au point de nouveau diagnostics et traitements.
Sur les quelques neuf millions de personnes qui, chaque année, attrapent la tuberculose, un tiers n'a pas accès aux systèmes de santé, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La maladie fait plus d’un million de morts par an à travers le monde. D’où l’importance des travaux publiés par une équipe de chercheurs internationaux, qui affirment avoir dévoilé les origines de souches de la tuberculose multi-résistantes aux antibiotiques.
Ces travaux, menés par les équipes de Philip Supply, à l'Institut Pasteur de Lille, Thierry Wirth, au Museum d'Histoire Naturelle à Paris et de Stefan Niemann au Borstel Research Institute en Allemagne, sont parvenus à retracer l'histoire évolutive de la Mycobacterium tuberculosis (M. tuberculosis), et ont été publié dans la revue « Nature Genetics ».
Les scientifiques se sont penchés plus particulièrement sur la lignée dite de Beijing, associée à la propagation des formes résistantes aux antibiotiques de la maladie en Eurasie.
« Nous avons confirmé l’origine asiatique de cette lignée en réalisant une série d’analyses génétiques sur un vaste ensemble de souches rassemblées à partir de 99 pays à travers le monde », a précisé M. Supply dans une interview avec la Voix de l’Amérique (VOA).
« Nous avons voulu savoir si cette région représentait la région d’origine » de la variante. Les chercheurs ont donc reconstitué l’arbre évolutif de cette lignée et identifié ses branches les plus ancestrales pour constater qu’effectivement, elle avait vu le jour en Eurasie.
Par ailleurs, les chercheurs ont pu montrer que la population bactérienne a connu d'importantes variations coïncidant avec des évènements clés de l'histoire humaine. Notamment, la Première Guerre mondiale, qui a vu l’essor de la tuberculose, du fait de la malnutrition mais également, de l’épidémie de grippe qui a coïncidé avec la fin du conflit. Autres évènements clés : l’apparition du VIH/sida, ainsi que l'effondrement du système de santé publique en ex-URSS, a souligné M. Supply.
Si la tuberculose a connu un déclin passager, c’est surtout grâce à l’apparition des antibiotiques et leur utilisation généralisée dans les années 1960. Un répit qui n’aura pas duré, des souches de l’agent infectieux de plus en plus résistantes aux antibiotiques apparaissant.
Un espoir néanmoins : les travaux des chercheurs ont permis d’identifier des mutations et des gènes qui constitueraient des cibles potentielles de traitement contre la tuberculose. « En fait, en ayant identifié ces nouvelles cibles, on espère pouvoir développer de nouveaux tests de diagnostic », explique M. Supply. Ce qui pourrait permettre la mise en place de traitements « plus efficaces et plus adaptés, pour les patients souffrant notamment de formes multi-résistantes de la maladie ».