"Les discussions continuent le 26 décembre", a déclaré dans la soirée à l'AFP le ministre de la Justice, Musa Dean, alors que, plus tôt dans la journée, Henry Costa, le chef du Conseil des Patriotes, collectif qui mène la contestation, avait affirmé que le grand rassemblement prévu lundi prochain dans la capitale Monrovia était "sur les rails".
A l'approche de la manifestation, la tension était montée ces dernières semaines. Le pouvoir reprochait à l'opposition d'appeler à "l'éviction inconstitutionnelle" du président Weah, qualifiant sa campagne de "crime de trahison, de terrorisme et de subversion".
L'opposition, quant à elle, ne voyait "pas ce qu'il y a de mal à dire que le président doit démissionner" et maintenait son appel à manifester, malgré une interdiction décrétée par le pouvoir, faisant craindre des violences.
Sans déboucher sur un accord complet, la réunion, qui s'est tenue en présence de représentants des Nations unies et de la Cédéao, a permis de rapprocher les points de vue.
"Le Conseil des Patriotes a renoncé à toute campagne (sur le thème) +Weah Démission+ et a donné des gages supplémentaires pour que le rassemblement soit pacifique", a expliqué à l'AFP le ministre de la Justice. Il a qualifié cet engagement de "développement nouveau mais bienvenu".
"Nous avons très clairement dit (lors de la réunion) que nous voulions exercer notre droit à manifester. Ils nous ont demandé d'agir comme (lors de la précédente grande manifestation) le 7 juin, à savoir de manifester dans le calme. Nous avons répondu que s'il n'y a pas de provocation, la marche sera pacifique", a de son côté expliqué Henry Costa.
Lundi, un influent membre du Congrès des Etats-Unis avait mis en garde le gouvernement libérien.
"Au regard de nos liens historiques avec le Liberia, le Congrès des Etats-Unis suivra de près la manifestation prévue le 30 décembre à Monrovia, et j'appelle le gouvernement du Liberia à respecter la liberté d'expression et de rassemblement des citoyens libériens", a déclaré dans un communiqué le représentant républicain Chris Smith.
"Quiconque supprime ces droits fondamentaux, ou participe à des actes de corruption, pourrait très bien être visé par des sanctions +Magnitsky+ (du nom d'une loi américaine permettant de sanctionner les suspects de violation des droits de l'Homme ou d'actes importants de corruption)", a averti l'élu américain.
Le Conseil des patriotes (COP) est un collectif composé de dizaines d'associations de la société civile, y compris de pans de la jeunesse ayant porté George Weah au pouvoir en janvier 2018. Il réclame depuis des mois une amélioration des conditions de vie de la population de ce petit pays ouest-africain affligé par la pauvreté, la dévaluation de sa monnaie et l'inflation, et cherchant toujours à fermer les plaies d'une guerre civile destructrice.
Avec AFP