Un gouvernement libyen d'union nationale prévu dans l'accord parrainé par l'ONU a été formé mardi et l'émissaire de l'ONU pour la Libye a immédiatement enjoint le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale de l'approuver rapidement.
Le gouvernement d'union, qui sera dirigé par l'homme d'affaires tripolitain Fayez el-Sarraj, est composé de 32 ministres, a annoncé le Conseil présidentiel de cette institution sur sa page Facebook.
C'est ce Conseil présidentiel, présidé par M. Sarraj et créé après la signature de l'accord parrainé par l'ONU, qui a procédé à la nomination des ministres.
Cette nomination aurait dû intervenir dimanche mais avait été repoussée de 48 heures.
L'accord duquel découle la formation de ce gouvernement, signé en décembre au Maroc sous l'égide de l'ONU par des membres des deux Parlements libyens rivaux, n'a pas été ratifié par les deux chambres législatives rivales.
L'émissaire de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler a exhorté la Chambre des représentants, le Parlement reconnu internationalement qui siège dans l'est du pays, à "se réunir rapidement pour approuver" le gouvernement d'union.
La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a lancé le même appel en se félicitant de "la décision importante" que représente l'annonce de la formation du gouvernement.
Pour que ce gouvernement d'union devienne opérationnel, il doit être approuvé par une majorité des deux tiers au sein du Parlement reconnu sous deux semaines et deux jours.
Les autorités libyennes rivales, non reconnues par la communauté internationale, siègent elles à Tripoli depuis la prise de la capitale par des milices en partie islamistes à l'été 2014.
Le controversé général Khalifa Haftar, commandant des forces loyales au pouvoir de l'Est, ne fait pas partie des 32 membres du gouvernement d'union qui ne compte qu'une femme.
La Libye est plongée dans le chaos et livrée à des groupes armés depuis la chute de Mouammar Khadafi en 2011 et les deux autorités s'y disputent le pouvoir depuis 18 mois.
Les Occidentaux ont poussé ces derniers mois à la formation d'un gouvernement d'union nationale, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de stabiliser la Libye et d'y installer une autorité qui pourrait lutter contre le groupe Etat islamique (EI), qui renforce sa présence dans ce pays.
L'EI a notamment revendiqué au début du mois deux attentats meurtriers (plus de 56 morts) et lancé des attaques visant le "croissant pétrolier", situé dans le nord de ce pays qui dispose des réserves pétrolières les plus importantes d'Afrique, estimées à 48 milliards de barils.
En Syrie et en Irak, où l'organisation jihadiste sévit principalement, le trafic de pétrole est une de ses sources importantes de financement.
La communauté internationale s'inquiète du renforcement de la présence jihadiste en Libye, où l'EI compte environ 3.000 combattants en Libye selon Paris.
Pour l'Italie, la formation d'une "coalition internationale anti-Daech (acronyme en arabe de l'EI, ndlr)" en Libye serait inévitable en cas d'échec d'un gouvernement unitaire dans ce pays.
"La formation du gouvernement d'union nationale est pressante pour faire face au terrorisme et sauver l'économie" du pays, avait dit dimanche Peter Millet, l'ambassadeur du Royaume Uni en Libye.
AFP