Le projet de budget 2011 a enfin été voté, à moins de six mois de la fin de l’année fiscale qui s’achève le 30 septembre.
Ce retard peut s'expliquer par la victoire électorale des républicains en novembre 2010, qui leur a permis de reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, où ils ont immédiatement fait pression en faveur de l’une de leurs causes : la limitation du droit à l’interruption volontaire de grossesse.
Les républicains ont donc bloqué les discussions sur le budget pour faire pression en faveur de la suppression de subventions fédérales pour l'association de planning familial Planned Parenthood.
« Si vous voulez un avortement, vous allez à Planned Parenthood, et c’est ce dont s’occupe Planned Parenthood a 90% » avait déclaré le sénateur républicain Jon Kyl de l’Arizona, lors d’un débat au Sénat.
Si l’IVG a été légalisé en 1973 suite à un arrêt rendu par la Cour suprême qui a reconnu l'avortement comme un droit constitutionnel, certains éléments de la société américaine n’ont jamais perdu espoir de limiter ce droit au point d’empêcher qu’on l’exerce, voir de faire changer la Cour suprême d’avis.
Selon le quotidien Kansas City Star, les militants en faveur du libre choix surveillent actuellement 374 projets de lois susceptibles de limiter le droit à l’IVG dans 31 états de l’union. Soit plus du double qu’en 2010, lorsqu’on en avait recensé 174.
Planned Parenthood se défend de se livrer exclusivement aux avortements. L’organisation de planning familial et ses partisans rappellent qu’elle consacre la majorité de ses ressources à la planification des naissances, à la contraception, aux examens de prévention des cancers, ainsi qu’à la détection et aux traitements des maladies sexuellement transmissibles.
La sénatrice démocrate de l’Etat de New York, Kirsten Gillibrand, rappelle que de toute façon, une loi actuellement en vigueur interdit à Planned Parenthood d’user de fonds fédéraux pour pratiquer des IVG.
« L’argent fédéral ne paie pas les IVG dans ce pays. Ce que les opposants de Planned Parenthood feraient, c’est éliminer le filet de sécurité des femmes pauvres et à risque, qui leur permet de se faire contrôler pour des cancers, de recevoir des soins prénataux, de faire détecter rapidement des maladies sexuellement transmissibles » explique la sénatrice Gillibrand. « C’est inacceptable » ajoute-t-elle.
Côté républicain, on fait valoir que de toute façon, l’Etat fédéral n’a pas à soutenir une ONG qui pratique l’IVG. Planned Parenthood rétorque que puisque c’est le but recherché, il faudrait peut-être tenir compte du fait qu’en facilitant le planning familial, l’organisation aide justement à prévenir des cas d’avortement.
Le président Barack Obama a pris parti pour Planned Parenthood, surtout en ce qui concerne sa campagne pour réduire les grossesses non voulues chez les adolescentes.
« Si nous réduisons les grossesses chez les adolescentes, nous pouvons également réduire la pauvreté. La bonne nouvelle c’est que le taux de grossesse chez les adolescentes baisse, en partie grâce au travail extraordinaire accompli par Planned Parenthood » a déclaré M. Obama.
En fin de compte, la loi fiscale 2011 a été adoptée sans que l’aide fédérale à Planned Parenthood soit affectée. Mais la controverse sur l’IVG continuera, comme c’est le cas depuis 1973.