"Michel Platini est innocent, comme nous l'avons démontré point par point devant les juges, en produisant de nombreuses preuves. Nous espérons que la commission d'éthique de la Fifa dira le droit", a indiqué Me D'Alès, entendu entre 8h00 GMT et 17h00 GMT.
Ce membre du cabinet Clifford Chance à Paris, qui s'est appuyé sur un mémoire de 130 pages, n'était pas accompagné de Platini. L'ex-triple Ballon d'Or avait annoncé dès mercredi qu'il ne se rendrait pas devant ce tribunal de la Fifa, afin de "signifier sa plus profonde indignation" face à une procédure qu'il considère comme "uniquement politique et visant à l'empêcher de se présenter à la présidence de la Fifa".
Il est reproché à Platini d'avoir reçu 1,8 million d'euros en 2011 de la part de Blatter, président aujourd'hui démissionnaire de la Fifa, pour un travail de conseiller achevé en 2002, sans contrat écrit.
Les deux hommes, jusqu'ici les plus puissants de la planète foot, risquent jusqu'à la radiation à vie du monde du foot.
Platini se fait discret, mais Blatter, lui, continue d'occuper le terrain médiatique. Le Suisse âgé de 79 ans a ainsi prévu de tenir une conférence de presse lundi à 10h00 GMT au restaurant Sonnenberg à Zurich, ancien QG de la Fifa, pour commenter le verdict des juges de son instance.
- 'Copropriétaire d'un pédalo' -
Blatter continue aussi à donner à la presse des punch-lines dont il a le secret. "Je n'ai pas perdu le sens des réalités, je n'ai pas de Ferrari, je suis seulement copropriétaire d'un pédalo sur le lac de Zurich", a-t-il lâché dans Weltwoche, magazine suisse-allemand qui l'a photographié en une avec la mention "Suisse de l'année".
Suspendu provisoirement jusqu'au 5 janvier, comme Platini, Blatter est également visé pour un contrat de droits TV présumé déloyal envers la Fifa. Ce qui lui vaut une mise en examen de la justice suisse. Contrairement à Platini, Blatter s'est présenté en personne jeudi devant les juges de la Fifa et a été entendu pendant huit heures.
Blatter a encore répété dans Weltwoche n'avoir "jamais violé aucune règle, ni éthique ni juridique" durant ses "40 ans à la Fifa".
Platini, 60 ans, a toujours clamé sa bonne foi, réfutant tout soupçon de corruption et évoquant un reliquat de salaire touché sur la base d'un contrat oral. La justice suisse reconnaît ce type de contrat.
Le camp Platini regrettait vendredi soir de ne pas avoir pu présenter de témoins à l'audience, mais seulement des témoignages écrits.
Calendrier serré
Platini estime que "le verdict a déjà été annoncé dans la presse par un des porte-parole" de la justice interne de la Fifa, au "mépris de la présomption d'innocence".
Andreas Bantel, porte-parole de la chambre d'instruction de la commission d'éthique, avait en effet créé la polémique en lâchant vendredi dernier au journal L'Equipe : "Platini va sûrement être suspendu plusieurs années, et en ce qui concerne Blatter, il n'y a pas de différence entre une suspension de quelques années ou une suspension à vie".
Bantel avait par la suite précisé que la publication de cette interview était "non autorisée", ses propos ayant été prononcés en "off".
Une sanction lourde n'aurait pas le même impact pour Blatter et pour Platini. Le Suisse avait pour seule ambition de rester en poste jusqu'au 26 février, date à laquelle son successeur doit être élu.
L'ancien capitaine des Bleus voulait quant à lui briguer le poste, mais sa candidature est désormais gelée le temps de sa suspension. Et le calendrier est maintenant plus que serré.
Les candidatures doivent en effet être enregistrées définitivement le 26 janvier et le circuit des appels est long entre la chambre des recours de la Fifa et le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, la juridiction sportive suprême.
Pour saisir directement le TAS, Platini devra obtenir l'accord de la Fifa, ce qui paraît peu probable, selon des sources proches de cette dernière instance.
Avec AFP