L'officialisation de la candidature de Luiz Inacio Lula da Silva est une façon "d'affronter un système pourri", a affirmé Gleisi Hoffmann, présidente du Parti des Travailleurs (gauche), au moment d'annoncer la désignation de l'ex-président (2003-2010) devant près de 2.000 militants survoltés.
Quelques minutes plus tôt, ces militants réunis pour la convention du PT à Sao Paulo arboraient des masques en carton à l'effigie de l'icône de la gauche à la barbe grisonnante en criant "Je suis Lula".
Un message rédigé par Lula depuis sa prison de Curitiba, où il purge une peine de 12 ans et un mois de prison, a été lu sur l'estrade par un acteur.
"C'est la première fois en 38 ans que je ne participe pas à cette rencontre nationale de notre parti, mais je sais que je suis présent à travers chacun de vous", disait ce message.
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Cette journée est un "super samedi" électoral, trois candidats de poids étant officiellement nommés par leur parti, un jour avant la date limite des conventions, sortes de grands meetings qui permettent aux formations d'adouber leurs champions devant les militants.
L'écologiste Marina Silva, arrivée en troisième position lors des deux derniers scrutins, a été intronisée par le parti Rede (centre-gauche) à Brasilia, dans une salle peuplée de militants vêtus de t-shirts verts.
Toujours dans la capitale, l'ex-gouverneur de Sao Paulo Geraldo Alckmin, principal représentant de l'establishment, a été déclaré officiellement candidat du Parti Social Démocrate Brésilien (PSDB, centre-droit).
- "Faire front" -
Mais c'est sur Sao Paulo que sont braqués tous les projecteurs, à la convention du PT, qui fait front derrière Lula.
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Même derrière les barreaux, il demeure largement en tête des intentions de vote, crédité de plus de 30% par tous les instituts de sondage au premier tour, qui aura lieu le 7 octobre. C'est près du double de ses principaux concurrents.
Bien que le parti se défende -- du moins ouvertement -- de préparer un plan B, en coulisses personne n'ignore que la candidature de Lula sera vraisemblablement invalidée par la justice électorale.
Une loi brésilienne intitulée "Ficha limpa" (casier vierge, en portugais) stipule en effet que toute personne condamnée en appel, ce qui est le cas de Lula, devient de fait inéligible.
- L'épouvantail Bolsonaro -
A Brasilia, Geraldo Alckmin a été accueilli par environ mille militants aux cris de "Brésil, en avant, Alckmin président".
Candidat du PSDB, parti qui a gouverné le Brésil de 1995 à 2002 avec Fernando Henrique Cardoso, présent samedi lors de la convention du parti, Alckmin avait déjà eu sa chance en 2006, mais avait été battu au second tour par un Lula en état de grâce.
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Cette fois, il a décidé de brasser large, tissant une alliance avec plusieurs partis du centre. L'ex-gouverneur de Sao Paulo a également choisi pour son ticket, en tant que vice-présidente, la sénatrice Ana Amélia Lemos, censée lui permettre d'attirer un électorat plus conservateur qui penche actuellement pour Jair Bolsonaro, sulfureux député d'extrême droite favori du premier tour dans un scénario sans Lula.
"Geraldo et Ana Amélia, vous représentez la confiance en soi du Brésil, c'est le moment de restaurer cette confiance. Le Brésil d'aujourd'hui a peu, il est plongé das l'incertitude et vous devez y remédier avec courage", a affirmé l'ex-président Cardoso lors de la convention du PSDB.
Marina Silva, de son côté, s'est présentée à la convention de son parti au côté de son colistier Eduardo Jorge, du Parti Vert (PV), qui avait obtenu seulement 0,61% des voix au premier tour de la présidentielle de 2014. Elle-même avait échoué aux portes du second tour, avec 21,32% et plus de 22 millions de voix.
Avec AFP