Avant de céder la place à Donald Trump, dont la future politique étrangère reste entourée d'un épais brouillard, le président démocrate a mis en relief les lignes qu'il avait tracées au cours des huit années écoulées.
Dans un entretien accordé à VOA Afrique, le professeur Serge Banyongen, de l’Université d’Ottawa estime qu'entre Barack Obama et Donald Trump, "ce sont deux visions du monde qui s’affrontent" en matière de lutte contre le terrorisme.
"M. Obama a compris que le monde avait changé et qu’on avait plus affaire aux guerres telles qu’on le connaissait. Je pense qu’il y a la réalité qui va rattraper le président élu quand il sera appelé à prendre de décisions», estime l auteur de « Terrorisme et communication de crise", ajoute M. Banyongen, auteur de « Terrorisme et communication de crise ».
Dans un discours prononcé depuis la base aérienne MacDill (Tampa, Floride), il a revendiqué une rupture nette avec les années Bush, rappelant qu'il avait orchestré le retrait des troupes américaines d'Irak et d'Afghanistan (passées de 180.000 à 15.000).
"Au lieu de placer toute la responsabilité sur les troupes américaines au sol (...) nous avons bâti un réseau de partenaires", a-t-il souligné.
Livrant, pour la dernière fois avant son départ le 20 janvier, sa vision de la place des Etats-Unis dans le monde, le président de 54 ans a longuement insisté sur le respect de la loi et de l'identité de l'Amérique.
"Etre fidèles à nos valeurs et respecter le droit n'est pas une faiblesse. Sur la durée, c'est notre plus grande force", a-t-il dit, longuement applaudi.
Barack Obama a défendu le bien-fondé de son approche dans la lutte contre le groupe Etat islamique depuis cette base, siège du commandement des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom) qui supervise la campagne de frappes aériennes contre les djihadistes en Irak et en Syrie.
L'organisation qui voulait établir un califat à cheval sur les deux pays "a perdu plus de la moitié de son territoire, son recrutement s'est tari et les populations locales se retournent contre elle", a-t-il insisté.
- 'Fausses promesses' -
Donald Trump, qui n'a pas encore désigné celui qui prendra la tête du puissant département d'Etat, a, durant la campagne, entretenu le plus grand flou sur la façon dont il entendait lutter contre l'EI.
Plaidant pour la discrétion comme gage d'efficacité --"Nous devons, en tant que nation, être plus imprévisibles"--, il a assuré qu'il en savait plus sur ce dossier "que les généraux" mais n'a avancé aucune piste concrète.
Volontairement discret depuis l'élection du magnat de l'immobilier à sa succession, M. Obama s'est gardé de le nommer mardi. Mais il a abordé nombre de dossiers sur lesquels le tribun populiste a provoqué la polémique durant la campagne.
"Nous avons interdit la torture", a-t-il rappelé, soulignant que personne ne lui avait jamais indiqué que cela avait eu un effet néfaste sur la qualité du renseignement américain.
Dès son arrivée au pouvoir en 2009, M. Obama a mis fin aux "méthodes d'interrogatoire renforcées" utilisées après le 11-Septembre par la CIA sur des prisonniers soupçonnés de liens avec Al-Qaïda.
Pendant la campagne, Donald Trump a provoqué de vifs débats au sein même de son parti en se déclarant favorable au rétablissement de la simulation de noyade, ou "waterboarding", qui consiste à verser de l'eau sur un tissu qui bouche le nez et la bouche d'un prisonnier.
Depuis son élection, il a cependant laissé entendre qu'il pourrait évoluer sur ce point, sous l'influence du général James Mattis qu'il vient de nommer à la tête du Pentagone.
Barack Obama, qui a ordonné le raid --couronné de succès-- contre le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden en 2011, a rappelé que cette organisation n'était plus que "l'ombre d'elle-même".
"Nous savons qu'une menace meurtrière persiste", a-t-il cependant ajouté, mettant en garde contre les "fausses promesses" de ceux qui assurent pouvoir réduire le danger terroriste à néant du jour au lendemain.
Le 44e président des Etats-Unis a achevé son discours sur un message à l'attention de son successeur, qui a durant la campagne, proposé d'interdire temporairement l'accès des musulmans aux Etats-Unis.
Mettant en garde contre toute stigmatisation, il a martelé que les djihadistes ne parlaient pas "au nom de plus d'un milliard de musulmans".
"Nous sommes une nation qui, dans ce qu'elle a de meilleur, se définit par l'espoir, pas par la peur", a-t-il conclu.
Avec AFP