"Je viens d'avoir le président (maltais) Muscat au téléphone: le navire de l'ONG Lifeline accostera à Malte", a déclaré M. Conte dans un communiqué, ajoutant que "l'Italie accueillera une partie des migrants".
"Nous sommes convenus avec le président maltais que le navire sera soumis à une enquête pour déterminer sa nationalité effective et sur le respect des règles du droit international de la part de l'équipage", a-t-il ajouté.
M. Conte n'a pas précisé quand le navire serait autorisé à accoster à Malte, ni combien de migrants l'Italie prendrait à sa charge.
Une source proche du gouvernement maltais, interrogée par l'AFP, a toutefois précisé que "Malte autorisera le débarquement seulement après que les Etats membres confirmeront qu'ils prendront leur quota de migrants".
"Il y a beaucoup d'informations qui circulent, beaucoup de communiqués, mais notre situation actuelle c'est que le navire n'a aucune information", a déploré Erik Marquardt, un porte-parole de l'ONG allemande Lifeline qui a affrété le navire du même nom.
Epousant la ligne dure représentée par son ministre de l'Intérieur Matteo Salvini, chef de la Ligue (extrême droite), M. Conte a précisé que le Lifeline serait "soumis à une enquête pour s'assurer de sa nationalité et du respect des règles du droit international de la part de son équipage".
"Et de deux ! Après l'Aquarius envoyé en Espagne, c'est désormais au tour du navire de l'ONG Lifeline d'aller à Malte avec ce navire hors-la-loi qui en définitive sera séquestré", a aussitôt twitté Matteo Salvini, également vice-Premier ministre de Giuseppe Conte.
"Pour les femmes et les enfants qui fuient vraiment la guerre les portes sont ouvertes, pour tous les autres non !", a-t-il ajouté.
Plus tôt dans la journée, le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux avait affirmé qu'une "solution européenne" semblait se dessiner pour le navire. "Ce serait un débarquement un Malte", avait-il déclaré sur la radio RTL.
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Un porte-parole du gouvernement maltais, interrogé par l'AFP, avait évoqué des "discussions en cours" qui avaient débuté ce weekend. Le Premier ministre maltais a de son côté indiqué sur Twitter que les forces armées maltaises avaient évacué une personne pendant la nuit depuis le Lifeline après en avoir reçu la demande.
Petite île méditerranéenne d'à peine plus de 400.000 habitants, Malte s'est toutefois refusée à ouvrir ses ports au navire humanitaire Aquarius, pourtant sans migrant à son bord, selon l'ONG SOS Méditerranée.
L'Aquarius a donc mis le cap sur Marseille pour une escale technique qu'il doit faire dans les prochains jours, après le refus de Malte et l'impossibilité, selon l'ONG, de se rendre en Italie.
L'Italie ne semble pas devoir dévier de la ligne de fermeté qu'elle affiche depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement populiste le 1er juin, formé de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème). Les ONG "complices, consciemment ou inconsciemment des trafiquants" sont interdites d'entrée dans les ports italiens, a réaffirmé lundi Matteo Salvini.
Le Portugal prêt à accueillir une partie des migrants
Le Portugal se tient prêt à accueillir une partie des migrants qui se trouvent à bord du navire humanitaire Lifeline, a annoncé mardi le gouvernement de Lisbonne, faisant suite à une demande du gouvernement maltais.
Les migrants du Lifeline seront "distribués vers plusieurs pays, dont le Portugal", a annoncé le ministre portugais de l'Intérieur, Eduardo Cabrita, lors d'une intervention au Parlement, précisant que le nombre de personnes que son pays pourrait accueillir restait "à définir".
La situation reste difficile en Méditerranée après un weekend où près de 1.000 migrants ont été secourus pour la seule journée de dimanche au large de la Libye. Des images prises au moment de leur débarquement à Tripoli, montrent des centaines d'entre eux, hommes, femmes et enfants, tête baissée ou le visage fermé, visiblement exténués, loin des sourires qu'ils affichent d'ordinaire sur les bateaux qui les transportent vers l'Italie.
M. Salvini, parti en guerre contre les ONG qui viennent en aide aux migrants au large des côtes libyennes, a jugé lundi qu'elles étaient "consciemment ou inconsciemment les complices" des trafiquants d'êtres humains en Libye, et qu'il n'était donc pas souhaitable à ses yeux qu'elles continuent leurs opérations en Méditerranée.
Deux autres navires humanitaires, l'Aquarius des ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) et l'Open Arms de l'ONG espagnole Pro Activa, se trouvaient lundi au large de la Libye mais sans possibilité d'intervenir, faute de demande en ce sens de la part des garde-côtes libyens.
Car, ce sont eux désormais qui ont la haute main sur les opérations de secours au large de la Libye, les autorités maritimes italiennes, qui assuraient jusqu'à ce week-end la coordination principale de ces sauvetages, leur ayant cédé cette responsabilité.
"Centres d'accueil" en Libye?
M. Salvini, qui s'est rapidement imposé comme l'homme fort du nouveau gouvernement italien, a effectué lundi une visite éclair à Tripoli où il a rencontré le vice-Premier ministre libyen du Gouvernement d'union nationale (GNA) Ahmed Meitig, et remercié les garde-côtes libyens.
Au cours d'une conférence de presse commune, M. Salvini, qui est aussi le patron de la Ligue (extrême droite), a indiqué que l'Italie allait proposer l'installation de "centres d'accueil et d'identification" au sud de la Libye lors du sommet de l'Union européenne jeudi à Bruxelles.
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"Nous soutiendrons, d'un commun accord avec les autorités libyennes, la mise en place de centres d'accueil et d'identification (de migrants) au sud de la Libye, à sa frontière externe, pour l'aider autant que l'Italie à bloquer la migration", a déclaré M. Salvini.
M. Meitig a pour sa part indiqué que son pays refusait "catégoriquement l'installation de camps pour migrants en Libye". M. Salvini a pris acte et annoncé lundi soir à Rome qu'une mission technique serait mise sur pied dès cette semaine avec la participation de l'Italie, du Niger, du Tchad et du Mali.
La crise migratoire devrait par ailleurs figurer au menu des discussions mardi au Vatican entre le pape François - qui multiplie les appels à la "solidarité" - et le président français Emmanuel Macron - à couteaux tirés sur ce dossier avec le nouveau gouvernement italien.
Cette crise est "ridicule" aux Etats-Unis, mais elle est aussi "brutale" et "horrible" ailleurs dans le monde, a commenté de son côté l'actrice américaine Sharon Stone. "C'est un problème de manque d'humanité, quel que soit l'endroit où l'on se trouve", a dit lundi l'actrice de 60 ans.
Avec AFP