"Nous n'avons qu'un message: nous sommes pour la paix", a déclaré M. Machar lors d'une cérémonie à Juba célébrant la signature en septembre d'un nouvel accord de paix, aux termes duquel il doit retrouver son ancien poste de vice-président.
"Cette paix est dans notre cœur et nous allons mettre en œuvre cet accord", a promis le chef du SPLM-IO (Mouvement populaire de libération du Soudan, opposition), arrivé dans la matinée en provenance de Khartoum.
M. Machar n'était plus revenu à Juba depuis sa fuite précipitée de la capitale en juillet 2016 après des combats meurtriers entre ses hommes et les forces gouvernementales.
Le président Kiir, reprenant lui aussi des promesses maintes fois tenues mais jamais suivies d'effets, a également fait l'éloge de la paix.
"Le temps des reproches pour savoir qui a commencé (la guerre) est fini. Tous ceux d'entre nous qui se considèrent comme des leaders doivent accepter la responsabilité collective et promettre solennellement à notre peuple de ne plus jamais recourir à la guerre", a-t-il déclaré.
La présence de M. Machar à Juba est la preuve que "la guerre prend fin et qu'une nouvelle ère de paix et de prospérité s'ouvre", a-t-il affirmé.
En gage de bonne volonté, il a annoncé la libération dès mercredi de l'ancien porte-parole de la rébellion, James Gatdet Dak, et jeudi de William John Endley, un ancien colonel sud-africain à la retraite et ex-conseiller de M. Machar. Ce dernier doit être expulsé dans la foulée en Afrique du Sud.
Les deux hommes avaient été condamnés à mort en février par un tribunal de Juba.
MM. Kiir et Machar ont signé, sous pression internationale, un accord de paix le 12 septembre à Addis Abeba, censé mettre fin à presque cinq années d'une guerre civile dévastatrice pour le plus jeune pays du monde.
A la faveur de la signature de cet accord, il avait été convenu d'organiser à Juba une cérémonie pour la paix, en présence des chefs d'État de la région.
- Créer la confiance' -
Ainsi, les présidents soudanais Omar el-Béchir, somalien Mohamed Abdullahi Mohamed et ougandais Yoweri Museveni étaient présents à Juba, de même que la nouvelle présidente éthiopienne Sahle-Work Zewde.
La cérémonie s'est déroulée au Mausolée John Garang, chef de la guerre d'indépendance contre le Soudan, en présence de plusieurs milliers de spectateurs.
Mais signe des difficultés restant à surmonter, Riek Machar, qui n'avait pas caché craindre pour sa sécurité, a quitté Juba en soirée pour rentrer à Khartoum, a annoncé à l'AFP Ateny Wek Ateny, le porte-parole de M. Kiir.
En juillet 2016, d'intenses combats avaient éclaté entre les forces gouvernementales et les troupes rebelles stationnées à Juba pour la protection de M. Machar, faisant plusieurs centaines de morts.
Le chef rebelle avait alors pris la fuite et gagné à pied la République démocratique du Congo voisine au terme d'une longue marche dans la brousse, avant finalement de s'exiler en Afrique du Sud.
Ce nouvel accord de paix laisse sceptiques de nombreux observateurs, qui soulignent que faire travailler ensemble MM. Kiir et Machar ne sera pas une mince affaire, leur coopération ayant toujours dans le passé abouti au conflit avant le chaos.
"Le grand défi à l'avenir est de créer la confiance entre les parties, et entre celles-ci et le peuple", a d'ailleurs reconnu mercredi David Shearer, chef de la mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss).
De fait, l'application du nouvel accord connaît des retards sur des points importants comme la réactivation d'une commission conjointe sur les frontières et le nombre des États régionaux - un des points de contentieux entre pouvoir et opposition - et celle pour l'évaluation de la mise en œuvre de l'accord de paix.
Des combats ont également été rapportés dans la région de Yei (sud) et dans l'État pétrolier de l'Upper Nile (Haut Nil, nord), malgré un cessez-le-feu décrété fin juin.
Deux ans et demi à peine après son indépendance, le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 à Juba, lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ancien vice-président, de l'ethnie nuer, de fomenter un coup d'État.
Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique, a fait plus de 380.000 morts selon une étude récente, et poussé plus de quatre millions de Sud-soudanais, soit près d'un tiers de la population, à s'enfuir.
Avec AFP