En complément d'une tournée africaine largement consacrée à la lutte contre les djihadistes au Sahel, ainsi que d'une visite aux Emirats et à Ryad, Emmanuel Macron doit aborder à nouveau ce dossier à Doha où il escompte des résultats contre le financement de la radicalisation.
Il a en effet annoncé lors du sommet Europe-Afrique d'Abidjan la semaine dernière qu'il demanderait au Qatar de ne plus financer en France de fondations ou d'écoles encourageant l'islam radical.
M. Macron a précisé avoir déjà obtenu cet engagement de la part du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dont le pays est actuellement en crise ouverte avec le Qatar.
Il s'est même proposé de se faire le relais d'autres pays en remettant de leur part au Qatar et à l'Arabie saoudite une liste d'institutions suspectes.
Jeudi matin, le président français entamera sa visite en se rendant sur la base américaine d'Al-Udeid, à 30 km au sud-ouest de Doha, la plus grande du Moyen-Orient et siège du Centcom, le commandement central américain des opérations antidjihadistes.
Il y rencontrera le commandement américain, ainsi que les troupes françaises stationnées sur place.
Il s'entretiendra ensuite avec le jeune émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al-Thani, qu'il avait reçu à Paris en septembre, avant une conférence de presse conjointe.
- Lutte contre le terrorisme -
Durant cette visite, les deux dirigeants ouvriront "la première réunion pour la coopération bilatérale en matière de lutte contre le terrorisme, le financement du terrorisme et la radicalisation", précise l'Elysée.
M. Macron compte organiser début 2018 à Paris une conférence internationale sur le financement du terrorisme à laquelle il conviera tous les acteurs de la région.
Les deux chefs d'Etat devraient également signer plusieurs contrats dont "la maturité est proche", selon l'Elysée. Parmi eux pourraient figurer l'achat par Doha de douze nouveaux avions de combat Rafale (groupe Dassault) et la concession du métro de Doha aux groupes RATP et Keolis, pour quelque 3 milliards d'euros selon la presse économique.
Autre contrat en négociation, l'achat de 300 véhicules blindés au groupe Nexter, qui pourrait représenter jusqu'à 2 milliards d'euros. En 2016, Doha avait acquis 24 Rafale pour 6,3 milliards d'euros.
La crise du Golfe, qui oppose le Qatar à l'Arabie saoudite et ses alliés depuis six mois, devrait également figurer au centre des échanges.
Tout comme la décision annoncée mercredi par le président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et qui a suscité une vague internationale de condamnations.
Lors d'une conférence de presse à Alger, Emmanuel Macron a jugé "regrettable" la décision de Donald Trump et rappelé "l'attachement de la France et de l'Europe à la solution de deux Etats, Israël et la Palestine vivant côte à côte en paix et en sécurité dans des frontières internationalement reconnues avec Jérusalem comme capitale des deux Etats".
Sur les tensions entre Doha et Ryad, Emmanuel Macron, soucieux de ménager toutes les parties avec lesquelles il est resté en contact régulièrement, devrait réaffirmer la position "médiane" de la France, selon l'Elysée.
Depuis le début du boycott du Qatar par ses voisins du Golfe en juin, Paris n'a pas choisi de camp, mais appelé au dialogue et soutenu la médiation koweïtienne.
Il y a six mois, l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis et l'Egypte ont rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar et fermé leurs liaisons aériennes et maritimes ainsi que la seule frontière terrestre de l'émirat (avec l'Arabie).
Ils reprochent au petit Etat gazier de soutenir des groupes islamistes radicaux, ce que Doha réfute, et de se rapprocher de l'Iran, grand rival régional de Ryad.
Le Qatar résiste au blocus en s'approvisionnant notamment auprès de l'Iran, avec qui il a rétabli des relations diplomatiques complètes, de la Turquie et du Maroc.
A la recherche de soutiens, il a multiplié ces derniers mois les gros contrats d'armement avec des pays occidentaux et signé un accord de défense avec la Russie, sans oublier un partenariat de 25 ans avec Total sur le gisement pétrolier offshore d'Al-Chahine.
Le sport constitue aussi un atout diplomatique: Doha a piloté l'arrivée en août du footballeur brésilien Neymar au PSG, club dont il est propriétaire, pour un coût de 220 millions d'euros.
Avec AFP