En préambule, M. Macron a énuméré dimanche sur Fox News, la chaîne préférée de Donald Trump, ses arguments pour convaincre le président américain dans les dossiers qui les opposent comme l'Iran, la Syrie et le conflit commercial entre Bruxelles et Washington.
Cette visite d'Etat, la première d'un dirigeant étranger sous l'ère Trump, commence lundi soir par une séquence glamour. Les deux couples dînent à Mount Vernon, l'ancienne résidence de George Washington au sud de la capitale fédérale. A Paris, en juillet 2017, ils avaient dîné au deuxième étage de la Tour Eiffel.
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Les discussions diplomatiques commenceront mardi avec des entretiens à la Maison Blanche puis un dîner d'Etat. Mercredi, M. Macron s'exprimera devant les membres du Congrès avant de rencontrer des étudiants de l'Université George Washington.
Il compte d'abord insister sur l'histoire commune, les valeurs et les positions partagées par les deux pays.
En témoignage de cette relation historique, il offrira à Donald Trump un plant de chêne qui a poussé dans le nord de la France, près du lieu de la "bataille du Bois Belleau" à côté de Château-Thierry (Aisne, nord de la France), où périrent près de 2.000 Marines américains en juin 1918.
"Pas de plan B"
Mais au-delà des manifestations d'amitié, les deux hommes ont des désaccords profonds, sur lesquels le Français espère que leurs bonnes relations lui permettra d'au moins infléchir les positions de l'Américain.
Sujet le plus brûlant, l'accord nucléaire iranien signé en 2015, que Donald Trump a menacé de "déchirer" s'il n'est pas durci pour obliger Téhéran à limiter son programme balistique et son influence dans la région.
Téhéran a averti samedi que le pays reprendrait "vigoureusement" l'enrichissement d'uranium si Washington rompt l'accord, ce qui serait un premier pas vers la production de l'arme atomique.
Paris veut proposer à Donald Trump un accord complémentaire, entre pays occidentaux, qui réponde à ses inquiétudes. Mais nul ne sait si ces propositions suffiront à faire évoluer le président américain d'ici le 12 mai, date où il tranchera.
Sur Fox News, M. Macron a plaidé pour cet accord car "il n'y a pas de plan B" pour s'assurer que Téhéran ne se dote pas de la bombe nucléaire.
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Autre différend, la stratégie à tenir en Syrie après la victoire contre le groupe Etat islamique. Les deux hommes ont récemment resserré leurs liens en ordonnant le 14 avril des frappes militaires conjointes après une attaque chimique présumée du régime syrien contre des civils près de Damas.
Mais Donald Trump veut retirer ses troupes - quelque 2.000 soldats - le plus vite possible, ce que Paris redoute. M. Macron avait dit avoir convaincu Washington de rester dans le pays "dans la durée", avant d'être contredit par la Maison Blanche dimanche dernier.
"Francs-tireurs"
Dimanche, le Français a mis en garde contre une ingérence iranienne et une résurgence du terrorisme si les Occidentaux quittaient brutalement la Syrie.
"Si nous partons définitivement et complètement (...) nous laisserons la place au régime iranien, à Bachar al-Assad (qui) prépareront la prochaine guerre, alimenteront un nouveau terrorisme", a-t-il dit.
"Même après la fin de la guerre conte l'EI, les Etats-Unis, la France, nos alliés et même la Russie et la Turquie auront un rôle majeur à jouer pour créer cette nouvelle Syrie", a-t-il souligné.
Pendant sa visite, la France se fera aussi l'avocate de l'Europe pour éviter à l'UE l'application de taxes douanières américaines sur l'acier et l'aluminium, en suspens jusqu'au 1er mai.
"On ne fait pas la guerre avec ses alliés", a assuré dimanche Emmanuel Macron.
Dès son élection en mai 2017, le chef de l'Etat français, contrairement à ses partenaires européens, a choisi de nouer une alliance privilégiée avec Donald Trump, dont il apprécie le côté disruptif. "Nous sommes tous les deux des francs-tireurs anti-système", a-t-il répété sur Fox News.
Il a qualifié de "moment direct, lucide et naturel" leur première rencontre en mai 2017 à Bruxelles. M. Macron avait alors serré fort la main de son homologue, connu pour attirer vers lui celle de son interlocuteur pour marquer sa supériorité.
Avec AFP