"Il faut serrer les rangs pour la patrie, le temps n'est pas aux fractures, quelles qu'elles soient. Ceux qui doutent doivent quitter les forces armées immédiatement", a lancé devant la hiérarchie militaire M. Maduro, qui fait face depuis avril à une violente vague de contestation populaire.
Le président s'exprimait lors d'un discours en amont de manoeuvres militaires convoquées pour la fin de la semaine face aux menaces d'intervention armée américaine contre le Venezuela émises il y a deux semaines par le président Donald Trump.
"Soit vous êtes pour Trump et l'impérialisme, soit vous êtes pour les forces armées et la patrie. Ici personne ne peut se cacher, jamais le Venezuela n'a été menacé à ce point", a asséné le leader chaviste.
'Avec fierté'
Soyez "prêts à vous battre avec fierté, avec les armes, contre une éventuelle invasion" américaine, a poursuivi Nicolas Maduro, en estimant que les Etats-Unis "traitent (le Venezuela) comme une dictature".
Selon le chef de l'Etat vénézuélien, Washington préparerait un "blocus naval", afin d'empêcher les exportations de pétrole dont dépendent l'économie du pays.
L'armée est le principal soutien du gouvernement chaviste vénézuélien, qui lui a conféré un grand poids politique et économique.
Très critiqué, le président Maduro fait face depuis début avril à une violente vague de contestation qui a fait au moins 125 morts depuis avril.
L'opposition le considère comme responsable de la grave crise économique que traverse actuellement le Vénézuela. Elle lui reproche également d'avoir fait élire une assemblée constituante "fantoche", fin juillet, assemblée constituante qui s'est désormais emparée des pouvoirs législatifs de l'assemblée nationale, la seule institution du pays contrôlée par l'opposition depuis la fin 2015.
L'opposition a appelé à plusieurs reprises l'armée à rejoindre sa cause. Mais à l'exception de quelques actions isolées, comme l'attaque menée début août par deux officiers rebelles contre une base militaire du nord du pays, les forces armées sont jusqu'ici restées imperturbablement loyales à M. Maduro.
Par ailleurs, l'ex-procureure générale du Venezuela Luisa Ortega, qui a fui son pays où elle se considère victime d'une "persécution politique", est retournée jeudi en Colombie après une visite au Brésil où elle a accusé M. Maduro de corruption.
Lors d'une réunion de procureurs sud-américains à Brasilia, elle a affirmé détenir "beaucoup de preuves, concrètement dans l'affaire Odebrecht, qui mettent en cause de nombreux hauts responsables vénézuéliens, à commencer par le président de la République".
Odebrecht, un des plus grands groupes de construction d'Amérique latine, est au coeur d'un scandale de corruption qui a secoué tout le continent.
A Caracas, le successeur de Mme Ortega, Tarek William Saab, a balayé ses accusations lors d'une conférence de presse.
Le président Maduro a annoncé mardi que Caracas allait lancer, via Interpol, un mandat d'arrêt international contre Mme Ortega et son mari, député chaviste passé à l'opposition. Tous deux se sont réfugiés en Colombie il y a une semaine.
Jeudi, la chaîne de télévision colombienne Caracol a annoncé avoir été contrainte de cesser sa diffusion au Venezuela sur ordre du président Maduro.
Les autorités vénézuéliennes avaient déjà décidé en février de couper le signal de la chaîne CNN en espagnol, puis, deux mois plus tard, des chaînes colombienne El Tiempo et argentine Todo Noticias.
Avec AFP