Sept militaires, quatre Casques bleus guinéens et trois soldats maliens, ont été tués vendredi dans le nord du Mali au cours de deux attaques séparées attribuées à des jihadistes, qui ont récemment multiplié leurs actions dans la région.
Le camp de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) à Kidal (nord-est) a été la cible tôt dans la matinée d'une attaque combinée qui a fait quatre morts et une trentaine de blessés, selon la mission onusienne.
Parallèlement, trois soldats maliens sont morts et deux autres ont été blessés dans une embuscade dans la région de Tombouctou (nord-ouest), où une attaque contre une base de policiers nigérians une semaine auparavant avait coûté la vie à un militaire malien, ainsi qu'à quatre assaillants. Cet attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Les attaques de jihadistes présumés se sont succédé cette semaine au Mali et coïncident avec la première visite de terrain, entamée lundi dans le nord du pays, du nouveau chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif.
Un premier bilan avait fait état de deux morts dans l'attaque contre la mission onusienne, un assaut combiné à la roquette et à la camionnette piégée selon un responsable du contingent guinéen. Il s'est aggravé après la mort de deux militaires parmi les sept qui avaient été grièvement blessés.
"Le nouveau bilan est de quatre morts. Deux des blessés graves sont décédés", a indiqué à l'AFP une source au sein de la Minusma.
Le responsable guinéen a précisé à l'AFP que des tirs de roquette avaient précédé l'explosion d'un "véhicule avec à son bord des kamikazes" à l'intérieur du camp.
"Le véhicule a foncé dans le camp entre deux tirs de roquettes. Nous nous posons des questions: pourquoi l'alarme n'a-t-elle pas fonctionné?", s'est-il interrogé.
M. Annadif a dénoncé un "acte odieux et irresponsable" qui "traduit le désarroi du camp des ennemis de la paix" au Mali, soulignant qu'il se produisait 48 heures après sa visite à Kidal.
Deux soldats guinéens de l'ONU avaient déjà été tués fin novembre 2015 à Kidal dans une attaque à la roquette contre le camp de la Minusma, revendiquée par le groupe jihadiste Ansar Dine.
- Mission coûteuse -
La Minusma, déployée depuis juillet 2013, est la mission de maintien de la paix de l'ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995.
M. Annadif s'est notamment rendu à Kidal, bastion de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion), où les tensions suscitées par l'arrivée en force dans la ville au début du mois de membres d'un groupe pro-gouvernemental sont retombées depuis la conclusion d'un accord la semaine dernière.
Sa visite a toutefois été ponctuée d'attaques de jihadists présumés.
Un douanier et deux civils ont été tués jeudi à Hombori (nord) lors d'une attaque. Trois militaires maliens ont aussi été tués mardi dans l'explosion d'un engin improvisé au passage de leur véhicule un peu plus au sud, près de la frontière avec le Burkina Faso.
La capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, a été frappée le 15 janvier par un attentat qui a fait 30 morts. Le 20 novembre, un attentat contre un grand hôtel de Bamako, la capitale malienne, avait fait 20 morts, outre les deux assaillants. Ces deux attaques ont été revendiquées par Aqmi, en coordination avec le groupe Al-Mourabitoune.
Au cours des 12 derniers mois, la menace jihadiste en Afrique a augmenté, a affirmé cette semaine le commandant des opérations spéciales américaines sur le continent, le général Donald Bolduc, soulignant que ces goupes "ont exporté des tactiques et des techniques, en particulier en matière d'engins explosifs improvisés".
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée.
Ces groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin d'un accord de paix entre le gouvernement et l'ex-rébellion.
AFP