"Nous avons déposé hier (mercredi) une plainte contre le président de la République pour haute trahison et gestion calamiteuse (du pays) auprès de la Haute Cour de justice", a déclaré Bokari Dicko, au nom de ce collectif baptisé "Bloc d'intervention patriotique pour la réunification entière du Mali (Biprem-Fasoko)".
La Haute Cour de justice est habilitée à juger les ministres, présidents, ex-ministres ou anciens présidents de la République mis en accusation devant elle pour des crimes ou délits commis dans l'exercice de leurs fonctions. Ses membres, choisis parmi les députés et issus de différents groupes parlementaires, ont été nommés en mars 2014.
M. Dicko, qui est secrétaire aux relations extérieures du Biprem, n'a pas précisé le nombre d'associations membres de son collectif. Selon lui, le Biprem reproche au président Keïta d'avoir manqué à son serment notamment de préserver l'intégrité territoriale du Mali.
"Il a prêté serment de garantir l'intégrité territoriale. Or, Kidal (chef-lieu de région dans l'extrême nord-est du pays, ndlr) est toujours occupée et l'insécurité n'est pas jugulée", a rappelé M. Dicko.
Ibrahim Boubacar Keïta a été élu en 2013 alors que le Mali tentait de se relever de près de deux ans d'une crise politico-militaire marquée entre 2012 et 2013 par une rébellion indépendantiste à dominante touareg, et la prise de contrôle de la moitié nord du pays par des groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.
Les jihadistes ont été en grande partie chassés du Nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une intervention militaire internationale, toujours en cours.
Un accord de paix censé isoler définitivement ces islamistes extrémistes a été signé en mai-juin 2015. Cependant, des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères et l'administration malienne est absente de plusieurs localités du Nord, notamment Kidal, fief de l'ex-rébellion.
Sollicités par l'AFP sur cette plainte, plusieurs parlementaires ont décliné tout commentaire, à l'exception d'un seul, député de la majorité au pouvoir, estimant, sans plus de détails: "Ce n'est pas sérieux".
Aucune indication n'a pu être obtenue auprès de l'Assemblée nationale sur la suite réservée à la procédure et sa durée. Aucun commentaire n'a pu être obtenu de source gouvernementale.
Avec AFP