Dans les limbes depuis des années, le procès s'est rouvert jeudi sous haute protection devant les assises de Bamako, mais sous un nouveau jour, avec la possibilité d'un arrangement qui y mettrait fin.
Les parties civiles ont demandé au tribunal d'entériner un accord entre elles et l'Etat qui a décidé en 2020 de les indemniser, a constaté un correspondant de l'AFP.
Les assises se prononceront lundi dans cette affaire ramenant aux premiers mois de la grave crise sécuritaire traverse toujours le pays sahélien.
Amadou Sanogo et les 16 coaccusés présents au tribunal jeudi, soldats et gendarmes, dont un ancien ministre de la Défense, sont jugés non pas pour putsch de 2012 qui avait renversé le président Amadou Toumani Touré mais pour l'enlèvement et l'assassinat de 21 membres d'une unité d'élite, les "Bérets rouges".
Un mois après le coup d'Etat, les "Bérets rouges" avaient vainement tenté un contre-putsch brutalement réprimé par les nouveaux maîtres de Bamako et par les "Bérets verts" qui leur étaient acquis. Les corps de 21 d'entre eux avaient été retrouvés morts dans un charnier en décembre 2013.
Le procès d'Amadou Sanogo n'a cessé d'embarrasser le pouvoir malien, inquiet des dissensions qu'il pouvait susciter au sein d'une armée par ailleurs confrontée aux jihadistes, et de la comparution d'un ministre de la Défense.
Il s'est enlisé après son ouverture en novembre 2016. En janvier 2020, la justice a ordonné la libération d'Amadou Sanogo et des autres militaires encore détenus depuis six ans, faisant redouter aux défenseurs des droits humains le classement de l'affaire pour des raisons politiques.
Depuis, le Mali a été le théâtre d'un nouveau putsch en août 2020. Les militaires qui l'ont conduit dominent les actuelles autorités de transition. Un certain nombre sont des "Bérets verts". Le numéro deux des putschistes de 2020, le colonel Malick Diaw, figurait sur la photo de groupe des putschistes de 2012.
Le général Sanogo a signé un retour en grâce public sous les nouvelles autorités en septembre.
"Je suis le général de corps d'armée Amadou Haya Sanogo, spécialité infanterie, ancien chef d'Etat logé à la base aérienne de Bamako", a décliné le principal accusé.
Me Ibrahim Waly Diawara a rapidement annoncé le "désistement" des parties civiles au nom de leur collectif d'avocats. Il a invoqué un protocole d'accord conclu avec l'Etat et en cours d'exécution pour l'indemnisation de ses clients.
La défense a également réclamé la fin du procès, en citant une loi controversée adoptée en 2019 au nom de la réconciliation et offrant la possibilité de l'amnistie aux auteurs de certains crimes perpétrés pendant la crise de 2012.
"Ce procès doit être clos ici (...) et nos clients doivent être exonérés de toutes les poursuites", a plaidé Me Alassane Sangaré. La défense argue aussi de l'accord d'indemnisation.
Amadou Sanogo, alors capitaine, avait pris le 21 mars 2012 la tête de soldats entrés en mutinerie contre l'incapacité du gouvernement à arrêter l'offensive dans le Nord de la rébellion à dominante touareg et l'afflux de jihadistes en provenance des pays voisins.
Le putsch avait en fait précipité la déroute de l'armée. Amadou Sanogo, rapidement poussé à céder le pouvoir à des autorités civiles, avait été élevé ensuite au rang de général quatre-étoiles, promotion considérée comme politique. Mais, fin 2013, il avait été arrêté pour son implication présumée dans l'assassinat des "Bérets rouges".