Un responsable soutenant la junte a prédit la semaine passée une reprise prochaine des hostilités, alimentant le doute sur la survie de l'accord.
L'accord dit d'Alger signé en 2015 par l'Etat malien et des groupes loyalistes avec une alliance à dominante touarègue de groupes indépendantistes et autonomistes a mis fin aux hostilités enclenchées avec les insurrections indépendantiste et salafiste de 2012 dans le nord. Les jihadistes continuent, eux, de combattre et la crise sécuritaire s'est propagée au centre du Mali ainsi qu'au Burkina Faso et au Niger voisin.
L'accord d'Alger est mal en point depuis des années. L'alliance des groupes indépendantistes et autonomistes, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), a annoncé en décembre suspendre sa participation à la mise en oeuvre de l'accord. Une médiation internationale, avec l'Algérie dans un rôle prééminent, s'emploie depuis des semaines à rapprocher les parties.
L'un des hommes forts de la junte, le colonel major Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation, a reçu mardi les ambassadeurs de la médiation, a indiqué le ministère sur Facebook dans un communiqué consulté jeudi par l'AFP. Le ministre a assuré les ambassadeurs "de l’engagement et la volonté du gouvernement de la transition à œuvrer pour une mise en œuvre intelligente de l’accord issu du processus d’Alger", dit le communiqué.
En fin de semaine passée, Amadou Albert Maïga, membre du Conseil national de la transition (CNT) qui tient lieu d'organe législatif, déclarait que l'armée malienne allait bientôt engager les opérations pour rétablir l'autorité de l'Etat central sur Kidal (nord), ville stratégique contrôlée par la CMA. "La guerre est inévitable à Kidal", disait Amadou Albert Maïga.
Ses propos "ont été évoqués" lors de la réunion de mardi, a indiqué un conseiller du ministre sous le couvert de l'anonymat. Mais la réunion elle-même "s'inscrit dans la continuité de la recherche d'une solution pour débloquer l'accord", a-t-il ajouté.
Les propos d'Amadou Albert Maïga ont été abondamment reproduits et commentés sur les réseaux sociaux. Ils n'ont pas suscité de réaction officielle des autorités. Cependant, le Collectif pour la défense des militaires (CDM) a dit mercredi dans un communiqué joindre "sa voix à celle de Dr Amadou Maïga (...) pour la libération totale" de Kidal par l'armée.
Le "rêve fou" d'indépendance de la CMA "est en majeure partie responsable du cul-de-sac dans lequel le Mali est plongé depuis plus d'une décennie", dit cette organisation, l'un des soutiens les plus bruyants et offensifs de la junte. Les liens du CDM avec la junte sont obscurs, mais l'organisation passe pour influente.