Les affrontements ont éclaté jeudi après-midi à Kidal, chef-lieu de la région du même nom dans l'extrême nord-est du pays, où cohabitaient sans heurts depuis février la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA, ex-rébellion à dominante touareg) et la Plateforme (coalition pro-gouvernementale).
Ces groupes et le gouvernement ont signé en mai-juin 2015 un accord pour la paix et la réconciliation au Mali, en proie à des troubles depuis quatre ans.
Les affrontements ont impliqué des membres du Groupe d'autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), de la Plateforme, et des hommes du Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), de la CMA, d'après plusieurs sources.
Après une accalmie nocturne, des coups de feu ont été brièvement entendus vendredi matin, puis le calme est revenu, selon plusieurs habitants joints par téléphone depuis Bamako.
Le gouvernement malien a suivi ces développements "avec gravité", indique son porte-parole le ministre de la Communication Mountaga Tall dans un communiqué reçu par l'AFP.
Il "considère que la situation créée par ces affrontements constitue une menace grave pour la mise en oeuvre de l'accord" de paix, et ainsi contribuent à entraver "la sécurisation des populations" dans le nord du pays, affirme-t-il.
Il "demande à la CMA et au HCUA de faire preuve de retenue et d'arrêter les hostilités dans l'intérêt supérieur des populations".
Depuis jeudi, plusieurs appels à l'apaisement ont été lancés, notamment par la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) et la France, qui ont condamné la rupture du cessez-le-feu par les deux camps.
Plusieurs habitants joints par l'AFP depuis jeudi ont fait état de morts dans les affrontements, sans cependant s'accorder sur le bilan. Aucun décompte n'a été non plus fourni par la CMA et la Plateforme dans leurs communiqués, alors que le gouvernement a simplement déploré "les pertes de vie des populations innocentes".
Selon un élu local, les violences sont liées à une querelle de "leadership" entre rivaux des tribus Imghad et Ifoghas. Il n'a pas fourni de détails.
Un habitant de Kidal témoignant à l'antenne de la radio de l'ONU au Mali, Mikado FM, a aussi fait état de "tensions" qui se sont accumulées entre les deux camps "depuis l'arrivée du Gatia à Kidal". Pour lui, ces affrontements étaient prévisibles car, reprenant l'adage: "il n'y a pas deux chefs dans un bateau".
Les Touaregs - minoritaires au Mali mais très présents dans la région de Kidal - sont représentés dans les deux camps qui se sont affrontés par le passé puis ont enterré la hache de guerre par un "pacte d'honneur" conclu au dernier trimestre de 2015.
Après le retour de l'accalmie vendredi, les habitants ont repris timidement leurs activités mais des civils et collaborateurs de l'ONU demeuraient calfeutrés au camp de la Minusma où ils se sont réfugiés depuis jeudi, d'après des témoins.
Certains ont fait état d'une perte de terrain des pro-gouvernementaux face aux ex-rebelles, ce qu'ont confirmé à l'AFP une source de sécurité étrangère et un élu local.
L'accord de paix au Mali est censé définitivement isoler les jihadistes qui ont contrôlé entre mars-avril 2012 et début 2013 le nord du pays.
Ils en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013, et qui se poursuit. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.
Avec AFP