Réunies à l'appel d'un groupe de militants de la cause féminine, les manifestants, pour l'essentiel des femmes, ont marché samedi dans les rues aux cris de "liberté pour les femmes", "la prison ne résoudra rien" ou "laissez-nous décider", avant de se disperser deux heures plus tard sans incident.
Ce rassemblement, l'un des très rares autorisés par le gouvernement angolais, intervient alors que le Parlement s'apprête à voter une nouvelle loi sur l'avortement, déjà illégal dans le pays.
La version initiale de ce texte, adoptée en première lecture en février, punissait l'interruption volontaire de grossesse de peines allant de quatre à dix ans de prison. Mais elle autorisait l'IVG dans certains cas, notamment lorsque la vie de la mère est en danger ou en cas de grossesse provoquée par un viol.
Sous pression de l'Eglise notamment, la deuxième mouture du texte a été considérablement durcie et a fait de l'interdiction de l'IVG une règle absolue, sans plus autoriser d'exception.
"Le gouvernement ou les députés n'ont pas le droit de décider si nous devons avoir un enfant ou non", s'est indignée une des manifestantes, la féministe Lauranda Gouveia.
"Si cette loi est votée, les femmes qui attendent un enfant après un viol auront le choix du traumatisme, de la prison ou de la mort dans la rue après un avortement clandestin", a renchéri Sizaltia Cutaia, de la branche angolaise du groupe Open Society.
Le durcissement du texte a provoqué un vif débat en Angola.
La critique la plus spectaculaire est venue d'Isabel dos Santos, fille du chef de l'Etat et PDG de la compagnie pétrolière nationale. Sur son compte Instagram, elle a dénoncé mardi la "criminalisation des femmes".
De son côté, le porte-parole de la Conférence épiscopale de l'Eglise angolaise, Dom Manuel Imbamba, a réitéré son soutien à une interdiction totale de l'IVG. "La vie ne peut pas être négociée ou banalisée", a-t-il déclaré.
Dans ce climat tendu, le chef des députés du parti au pouvoir (MPLA), majoritaire au Parlement, a annoncé jeudi le report sine die du vote du texte afin de procéder "à une nouvelle consultation de la société civile pour que le texte final soit plus consensuel".
Plus de neuf Angolais sur dix sont de religion chrétienne.
Avec AFP