"Il ne passera pas!", "Le peuple veut la chute de la corruption", ont scandé les manifestants, en majorité des jeunes, rassemblés dans le centre de la capitale.
Certains portaient des T-shirts et des pancartes proclamant "Manich Msamah" ("Je ne pardonnerai pas", en arabe), du nom du collectif ayant appelé à manifester.
"Pas de réconciliation (avec les corrompus). Ils doivent d'abord rendre des comptes, puis on pourra parler de réconciliation", a affirmé à l'AFP une manifestante, Tayssir Jlassi, étudiante de 23 ans.
Ce projet de loi dit de "réconciliation économique et financière" avait été proposé à l'été 2015 par le président Béji Caïd Essebsi. Il prévoit l'amnistie de personnes --notamment d'hommes d'affaires ou d'anciens du régime du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali-- poursuivies pour corruption, en échange du remboursement des sommes indûment gagnées et d'une pénalité financière.
Des fonctionnaires sont aussi concernés: ceux qui auraient été obligés, selon les défenseurs du projet de loi, de fermer les yeux sur des faits de corruption. Les plaintes contre eux seraient stoppées.
Le président Essebsi affirme qu'il s'agit d'"améliorer le climat de l'investissement" dans un pays économiquement en difficulté et de "rétablir la confiance" des fonctionnaires dans l'administration.
Provisoirement mis de côté l'an dernier, le projet a refait son apparition cette semaine avec l'audition d'un responsable de la présidence par la commission de législation générale du Parlement, provoquant un tollé dans la société civile.
Vingt ONG tunisiennes et internationales ont appelé mercredi à son retrait "immédiat et définitif", en jugeant qu'il "blanchissait la corruption" et "menaçait la transition démocratique" tunisienne.
La corruption est un sujet sensible en Tunisie, où la révolution qui a mis fin en janvier 2011 à la dictature, largement motivée par le chômage et la misère, s'est aussi faite contre la corruption et le népotisme qui caractérisaient l'ancien régime.
Avec AFP