Deux organisations de gauche -le Syndicat des étudiants et sa plateforme féministe- avaient appelé à faire grève dans les lycées et universités et à manifester dans une quarantaine de villes, deux semaines après le jugement contesté, qu'elles qualifient d'"aberrant" et de "honteux."
Elles exigeaient "l'expulsion de la magistrature des juges ayant prononcé ce jugement."
Des milliers de manifestantes -pour la plupart des lycéennes- ont crié "machistes hors des tribunaux" ou "justice de merde" dans les rues de la capitale. A Barcelone, les manifestants étaient 4.500 selon la police municipale, 30.000 selon les organisateurs.
Les cinq hommes, se surnommant "la meute", qui avaient filmé l’agression pour s'en vanter, ont été condamnés à neuf ans de prison pour "abus sexuel" aggravé d'"abus de faiblesse", sur une jeune fille de 18 ans, pendant les fêtes de la San Fermin à Pampelone à l'été 2016.
La jurisprudence établit en Espagne que pour conclure au viol, il faut qu'il y ait eu violence ou intimidation, deux éléments que les juges -deux hommes et une femme- n'ont pas constaté dans cette affaire, suscitant une énorme indignation.
Le jugement avait cependant reconnu que les cinq -dont un Garde civil et un ex-militaire- avaient "profité de leur supériorité pour abuser sexuellement de la plaignante qui, de cette façon, n'avait pas donné son consentement librement sinon contrainte par la situation."
Ce fait divers sordide, très médiatisé, est devenu une affaire nationale, suscitant de nombreuses manifestations depuis le jugement du 26 avril.
Même l'ONU a critiqué la décision. La porte-parole en matière de harcèlement sexuel, Purna Sen, a écrit lundi dans un communiqué que "la peine légère contre +la meute+ sous-estime la gravité du viol et compromet la claire obligation de défendre les droits des femmes."
"Il faut écouter les Nations Unies, le Parlement européen, les associations de femmes, les 1.800 psychologues et psychiatres qui ont dit que nous devons réviser l'orientation de notre législation pour protéger les femmes", a réagi mardi le ministre de la Justice, Rafael Catala, alors qu'une réforme du Code pénal est à l'étude.
Les plaintes pour viol sont en forte hausse en Espagne. 1.382 viols ont été enregistrés l'an dernier, soit 10,6% de plus qu'en 2016, selon le ministère de l'Intérieur.
Avec AFP