"Je suis Adja Divine", ont notamment scandé les manifestants qui ont marché sur près de 3 km jusqu'au lieu de l'agression. "Non à toutes les formes de violences", "Justice pour Adja Divine", "Respect pour la femme" ou "Plus jamais cela", disaient d'autres slogans.
Mardi, l'artiste a été battue et déshabillée par une foule surexcitée à Ouagadougou après avoir été accusée d'avoir volé un enfant, alors qu'elle tentait d'échapper à un contrôle de police.
Adja Divine a un enfant de six mois qui n'était pas avec elle au moment des faits et un siège pour bébé vide dans la voiture de l'artiste a semble-t-il déclenché la colère de la foule.
La musicienne a été secourue in extremis par les pompiers et une unité spéciale de la police qui a dû tirer en l'air. Ses blessures ont nécessité plusieurs points de suture au cou et au visage.
Des images de l'agression diffusées sur les réseaux sociaux montrent des policiers en uniforme débordés par la foule en furie au moment où la jeune femme était battue. Ces images ont permis d'identifier des agresseurs, mais aucune arrestation n'a jusqu'à présent eu lieu.
Adja Divine a reconnu avoir tenté d'éviter un contrôle de police assurant qu'elle était pressée et dit avait eu peur que ses papiers ne soient pas en règle.
Des badauds ont pris part à course poursuite, l'ont rattrapée à un feu tricolore, avant de la ruer de coups après l'avoir extirpée de son véhicule qui a été caillassé.
"Peu importe qu'elle ait commis une infraction au départ ou non. Rien ne peut justifier cette barbarie moyenâgeuse contre une personne sur la base de rumeurs", a regretté Augusta Palenfo, comédienne et réalisatrice, une des initiatrices de la marche.
"Cette marche silencieuse et pacifiste, c'est pour dire qu'il est grand temps qu'on arrête cette justice populaire car ce qui est arrivé à Adja Divine peut arriver à n'importe qui", a soutenu la présidente de l'association burkinabè des femmes artistes musiciennes, Amety Méria.
"L'incident montre que le peuple est à la dérive", a regretté Bamos Théo, un chanteur.
"Trop de situations de ce genre se passent dans le pays" avec le "lynchage systématique" d'auteurs présumés de vols d'enfants ou de meurtres ou de voleurs pris en flagrant délit, a-t-il regretté.
Avec AFP