Les prévenus comprennent treize militants de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA, ONG anti-esclavagiste), condamnés en août à des peines de 3 à 15 ans de prison par un tribunal de Nouakchott, et transférés le 28 septembre à Zouerate.
Ils sont jugés en même temps que sept habitants du bidonville de Ksar (quartier dans le centre de Nouakchott) dont le déplacement forcé par les autorités, le 29 juin, avait provoqué des heurts entre des manifestants en colère et la police. Une dizaine de policiers avaient été blessés, selon les autorités.
"Le procès a commencé en présence de tous les accusés que la Cour a interrogés en début de séance, puis nous avons, nous avocats, soulevé des exceptions de procédure que nous jugeons suffisantes pour annuler" le dossier, a affirmé à l'AFP un des avocats de la défense, Me Bah Ould M'Bareck contacté au téléphone depuis Nouakchott.
Les avocats de la défense ont insisté sur le "flagrant délit (pour) lequel "nos clients sont jugés, que nous contestons, et les tortures auxquelles les prisonniers ont été soumis", a-t-il ajouté.
"La Cour s'est retirée pour se prononcer sur ces questions de procédure", a poursuivi Me Ould M'Bareck, selon lequel sa décision est attendue dans les prochaines heures.
Selon des témoins joints par l'AFP, des militants de l'IRA étaient présents en nombre dans la salle d'audience, après avoir organisé dans la matinée un sit-in devant le tribunal pour réclamer la libération de leurs camarades alors que des policiers encadraient leur manifestation sans incident.
Les treize militants de l'IRA avaient été arrêtés en juin-juillet pour leur implication présumée dans les violences à Ksar.
Ils sont accusés de "rébellion, usage de la violence, attaque contre les pouvoirs publics, attroupement armé et appartenance à une organisation non reconnue".
Dans un communiqué publié en vue de l'audience de lundi à Zouerate, l'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International a appelé la Cour d'appel à "annuler les peines d'emprisonnement" prononcées contre les anti-esclavagistes et à "les libérer de prison immédiatement".
"Les autorités se servent de cette affaire dont la solution est évidente pour tenter de faire taire les militants anti-esclavagistes en Mauritanie", a estimé Kiné Fatim Diop, du bureau d'Amnesty pour l'Afrique de l'Ouest, basé à Dakar.
"Depuis le début, ce procès est entaché d'irrégularités, et des allégations de torture n'ont pas donné lieu à une enquête. Les autorités n'ont pas réussi à prouver la moindre responsabilité pénale pour les actes de violence dont ces personnes sont accusées. La Cour d'appel doit mettre un terme à cette mascarade", a dit Mme Diop.
L'esclavage a officiellement été aboli en 1981 en Mauritanie, mais certaines pratiques d'asservissement perdurent, une situation dénoncée avec véhémence par l'IRA.
La situation a néanmoins évolué récemment, avec l'adoption en août 2015 d'une nouvelle loi faisant de l'esclavage un "crime contre l'humanité", réprimé par des peines allant jusqu'à 20 ans de prison, contre cinq à dix ans auparavant.
Avec AFP