"Il est évidemment permis en démocratie de critiquer les dogmes, les religions. Je revendique le droit de heurter, de choquer. Moi, je ne négocie pas la question de ma liberté de conscience et d'opinion", a affirmé le journaliste, auteur de nombreux ouvrages sur l'islam politique et le terrorisme, et militant antiraciste de longue date.
"L'islam est une religion malade et les musulmans doivent s'emparer de cette question", a-t-il ajouté devant le tribunal correctionnel de Paris.
Un plaidoyer d'une sombre actualité, alors que les menaces ont récemment repris contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dont la rédaction a été en partie décimée par une attaque jihadiste en janvier 2015.
Moins de six mois après cet attentat contre Charlie Hebdo, dont Mohamed Sifaoui avait défendu le droit de publier des caricatures du prophète Mahomet, Soufiane B. postait le 18 juin 2015 sur sa page publique Facebook une photo du journaliste accompagnée du commentaire suivant: "Lui faut le crever, y'a pas d'autre solution".
Poursuivi pour "provocation" au meurtre, il encourt jusqu'à cinq ans de prison. Mercredi soir, le parquet a requis 12 mois assortis du sursis, avec l'obligation d'indemniser la victime.
"Je suis allé un peu trop loin. Mais il n'arrête pas de nous insulter nous les musulmans, les banlieusards, s'est justifié à la barre ce père de famille de 37 ans.
"Si j'avais voulu tuer M. Sifaoui, je l'aurais pas écrit sur internet. Faut vraiment être bête", a-t-il ajouté, plaidant le coup de sang passager. Mais un mois plus tard, il avait à nouveau publié un post, indiquant cette fois: "Quand je dis qu'il faut que crève ce harki", du nom des supplétifs algériens de l'armée française considérés comme des traîtres par les nationalistes indépendantistes.
Pour Mohamed Sifaoui, l'équation est simple: "Aucun mal-être ou attitude auto-victimaire ne peut justifier un appel à attenter à la vie. Si on le permet, on risque de porter atteinte à la liberté d'expression".
Réfugié politique en France, le journaliste a échappé à quatre attentats en Algérie dans les années 90 et continue à vivre "sous protection policière jour et nuit".
Le tribunal rendra sa décision le 19 décembre.
Avec AFP