Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La colère monte dans les quartiers enclavés de Yaoundé à l'approche du scrutin du 9 février


Armand Okol, candidat députe en bleu fait le porte à porte dans l’arrondissement de Yaoundé, le 1er février 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Armand Okol, candidat députe en bleu fait le porte à porte dans l’arrondissement de Yaoundé, le 1er février 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Alors que la campagne électorale entre cette semaine dans sa dernière ligne droite, les populations des quartiers enclavés de Yaoundé, la capitale du Cameroun, réclament de meilleures conditions de vie et promettent un vote sanction le 9 février prochain.

Ces populations dénoncent le manque de routes, d’éclairage public, de l’eau courante au moment où les Camerounais s’apprêtent à élire de nouveaux députés et conseillers municipaux.

Les populations des quartiers enclavés de Yaoundé veulent peser sur les élections
Attendez s'il vous plaît

No media source currently available

0:00 0:02:41 0:00

"Je ne vote pas, les élus ne réalisent rien, chacun cherche seulement ses intérêts et après, ils partent", regrette Maurice, la cinquantaine. Il fait partie de ces électeurs en colère dans le 5e arrondissement de Yaoundé.

Comme lui, les résidents du quartier Nkolmesseng dénoncent l’absence d'infrastructures routières depuis plus d’une vingtaine d’années.

"Ceux que nous avons élus la fois dernière nous ont promis qu’ils allaient arranger notre route. Mais nous roulons toujours sur la même poussière", commente sous anonymat un conducteur de moto au lieu-dit "Carrefour lycée bilingue d’Essos".

"C’est le moment de changer, nous voulons voter pour quelqu’un qui peut nous mettre aussi à l’aise", ajoute-t-il, exaspéré.

L’équipe de campagne du SDF dans le département du Mfoundi, le 1er février 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
L’équipe de campagne du SDF dans le département du Mfoundi, le 1er février 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


Sous d’épaisses couches de poussière, Martin, gérant d’une boutique, revient sur l’un des points qui fâchent dans ce quartier. "Dernièrement, on est venu nous dire qu’on va bitumer la route, on a fait des petits caniveaux en diminuant même la largeur de la route, ils ont seulement versé de la terre et ils sont repartis", raconte-t-il.

À cause du mauvais état de la route, le transport par motos s'est imposé à la plupart des résidents au quartier Nkolmesseng. Mais l'activité économique a également été impactée. Les conducteurs de motos, qui constituent un électorat très courtisé en période de campagne, sont eux aussi mécontents.

"Nous sommes tous tombés malades. Certains conducteurs de motos ont la hernie à cause du mauvais état de la route. D’autres ont des problèmes de vue et portent des verres à cause de la poussière", confie un jeune conducteur de moto du coin.

La route de Nkolmesseng au centre de la colère des électeurs, à Yaoundé, le 1er février 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
La route de Nkolmesseng au centre de la colère des électeurs, à Yaoundé, le 1er février 2020. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)


Pour Mathieu, le sort de leur quartier relève "d’une malédiction pour le Cameroun". Mais il avertit, "les vieux nous ont promis des choses, leur temps est passé, on va donner la chance aux jeunes lors de ces élections".

Quelques jours avant le lancement de la campagne électorale, sentant la colère monter, le gouvernement avait annoncé le début imminent des travaux de bitumage de certaines voies urbaines en état de dégradation à Yaoundé, notamment dans le 5e arrondissement.

"Le chef de l’Etat a écouté les appels des populations de Biyemassi, de Yaoundé 5, et a ordonné de bitumer ces tronçons afin de faciliter la mobilité urbaine à ces populations-là", a rassuré Célestine Courtes Ketcha, ministre de l’Habitat et du développement urbain, lors egd’une descente sur le terrain.



Le déficit d’infrastructures routières, l'absence d’éclairage public et de l'eau potable dans plusieurs quartiers de Yaoundé sont des arguments que les partis de l’opposition utilisent désormais lors de leurs meetings contre les élus locaux sortants afin de gagner les voix des électeurs.

"Depuis 40 ans, il y’a pas de député de l’opposition dans le département du Mfoundi; les députés, les maires, les sénateurs ont toujours été du parti au pouvoir, c’est à eux qu’il faille imputer cette responsabilité", explique Aloys Parfait Mvoum, candidat député pour le Social Democratic Front (SDF​), dans le département du Mfoundi à Yaoundé.

Armand Okol, candidat aux législatives à Yaoundé pour le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), critique lui aussi les élus locaux sortants. Pour lui, "c’est une stratégie voulue du pouvoir pour décourager ces populations à participer aux élections; ça fait que le parti au pouvoir maintient son électorat alors que ces personnes, qui ont des récriminations, se mettent à part du processus électoral".

Selon les candidats du parti au pouvoir, les grands travaux de réhabilitation des voiries urbaines à Yaoundé vont débuter au plus tard en juin prochain, notamment dans le 5e arrondissement.

XS
SM
MD
LG