La pression pesant sur les Européens pour qu'ils prennent davantage leur destin en main se dessine depuis plusieurs années "et cela s'est encore renforcé avec le nouveau chef d'Etat américain", a indiqué cette semaine Mme Merkel dans une interview.
Jeudi matin, en introduction, elle doit faire une déclaration sur les objectifs du G20 devant la chambre des députés à Berlin, vers 09H00 (07H00 GMT), avant de recevoir en milieu de journée les responsables européens qui participeront au sommet de Hambourg (nord de l'Allemagne) les 7 et 8 juillet.
Il s'agit du chef de l'Etat français Emmanuel Macron, des chefs de gouvernement britannique et italien Theresa May et Paolo Gentiloni, mais aussi de ceux de l'Espagne, des Pays-Bas et de Norvège, qui sont invités cette fois par le G20, ainsi que des dirigeants des institutions de l'UE.
Conflits
Le sommet des dirigeants des pays développés du G20 promet d'être l'une des réunions internationales les plus conflictuelles depuis des lustres.
Qu'il s'agisse de la lutte contre le réchauffement climatique, du commerce, des flux migratoires mondiaux ou de l'aide au développement - sujets traditionnels de ce type de grand-messe diplomatique -, la nouvelle administration américaine a marqué une rupture.
Les Etats-Unis de Donald Trump ont annoncé leur retrait de l'Accord de Paris sur le climat, ils tiennent un discours protectionniste en matière commerciale, notamment à l'égard de l'Allemagne et de ses exportations, et veulent lutter contre l'immigration en construisant un mur avec le Mexique.
Selon plusieurs sources diplomatiques, les travaux préparatoires du G20 pour aboutir à une déclaration commune se révèlent jusqu'ici "très difficiles". Dès lors, Berlin veut s'assurer que l'Europe au moins affiche un front uni face au président américain à Hambourg.
"Merkel a convoqué un sommet entre Européens avant le G20" pour "assurer la cohésion car le problème est dans la relation avec Trump", souligne un diplomate.
'Anti-Europe'
Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel accuse franchement Washington de volonté de sabotage.
"Il n'y a pas de stratégie anti-américaine, et certainement pas de la part du gouvernement allemand, mais il y a des stratèges américains qui planifient une politique anti-Europe et anti-Allemagne", a-t-il clamé mardi.
Les autorités allemandes ont relevé avec une certaine surprise que Donald Trump a choisi, la veille du G20, de se rendre en Pologne à une réunion de pays d'Europe de l'Est dont beaucoup, comme la Hongrie, contestent la ligne Merkel en Europe.
"C'est une position assez traditionnelle de la diplomatie américaine que de jouer la division entre Européens, entre l'Est et l'Ouest, et j'imagine que cela plaît beaucoup à Trump", explique Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Schuman, spécialisée dans les questions européennes.
Pour faire front, Angela Merkel pourra compter sur la dynamique retrouvée dans la relation avec la France depuis l'élection du président Emmanuel Macron, même si une forme de compétition de leadership en Europe commence à se dessiner entre les deux dirigeants.
Le chef de l'Etat français vient de réussir deux "coups" diplomatiques, en faisant venir le président russe Vladimir Poutine à Paris et en obtenant la venue de Donald Trump pour le 14 juillet.
"Avec Macron, la France est de retour, il y a un rééquilibrage, qui était nécessaire, de la relation avec l'Allemagne", après une période de domination sans partage d'Angela Merkel en Europe, souligne M. Giuliani.
Avec AFP