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Tensions Trump-Merkel, la relation transatlantique à l'épreuve


Donald Trump et Angela Merkel, le 26 mai 2017, sommet du G7, Taormina, Italie.
Donald Trump et Angela Merkel, le 26 mai 2017, sommet du G7, Taormina, Italie.

Le ton est encore monté d'un cran entre Angela Merkel et Donald Trump, qui a lancé une virulente charge contre l'Allemagne, la crise entre les deux pays alliés apparaissant comme l'une des plus sérieuses de l'histoire récente.

Depuis le sommet du G7 en Sicile, où le président américain a fait cavalier seul, en particulier sur la question du climat, la chancelière allemande a changé de registre et ne mâche plus ses mots sur la politique du nouveau locataire de la Maison Blanche, même si elle évite de prononcer son nom.

Appelant à un sursaut européen, Mme Merkel, actuellement en campagne pour un quatrième mandat, a averti les Allemands que l'époque où ils pouvaient compter sur les Etats-Unis sans la moindre hésitation était "quasiment révolue". La chancelière semble convaincue que le discours de Trump - dont le passage à Bruxelles et Taormina a laissé un goût amer - peut servir d'aiguillon pour faire avancer l'Europe, sur la défense et la diplomatie.

Comme souvent, Donald Trump a choisi Twitter pour lancer mardi la riposte.

"Nous avons un ENORME déficit commercial avec l'Allemagne, en plus elle paye BIEN MOINS qu'elle ne le devrait pour l'Otan et le secteur militaire. Très mauvais pour les USA. Ca va changer", a-t-il lancé, recours aux majuscules à l'appui.

Une heure plus tôt, Angela Merkel, connue pour choisir ses mots avec attention, avait jugé "extrêmement important" que l'Europe devienne un "acteur qui s'engage à l'international" notamment en raison de l'évolution de la politique américaine.

L'Italie a soutenu cet appel de la chancelière à une Europe plus forte sur la scène mondiale. "Nous partageons certainement l'idée que l'avenir de l'Europe doit être entre nos mains, les défis mondiaux l'imposent", a déclaré le chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni.

Lundi, le ministre allemand des Affaires étrangères, le social-démocrate Sigmar Gabriel, Gabriel était allé plus loin, accusant le président américain d'avoir "affaibli" l'Occident, que ce soit en raison de ses tergiversations sur le climat et ou des dizaines de milliards de dollars de contrats d'armement à l'Arabie Saoudite, pays très critiqué pour son bilan en matière de droits de l'Homme.

Il faut remonter à 2003 pour trouver des tensions aussi fortes entre Washington et Berlin, lorsque le gouvernement du social-démocrate Gerhard Schroeder avait marqué son opposition à la guerre en Irak lancé par l'administration de George W. Bush.

Mardi, lors de son point de presse quotidien, le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a tenté - avec peu de conviction cependant - de calmer le jeu.

"Je pense que le président décrirait sa relation avec Mme Merkel comme assez incroyable", a-t-il déclaré. "Il s'entendent très bien, il a beaucoup de respect pour elle", a-t-il martelé. "Il voit non seulement l'Allemagne mais aussi le reste de l'Europe comme un allié important de l'Amérique".

Rendez-vous à Hambourg en juillet

Le sujet fait en tout cas faire l'unanimité en Allemagne. Le concurrent de la chancelière aux élections de septembre, l'ex-président du Parlement européen Martin Schulz, a défendu sa rivale, accusant M. Trump de tabler "sur l'isolationnisme et le droit du plus fort" pour imposer ses vues.

Ces tensions ne sont pas nouvelles. Avant et après son élection, le magnat de l'immobilier ne s'était pas privé d'attaquer l'Allemagne, menaçant en particulier d'instaurer des taxes douanières en représailles face aux excédents commerciaux allemands.

Mais la nouvelle posture de la chancelière allemande depuis le sommet du G7 de Taormina a marqué un tournant.

Dans un contraste saisissant avec d'autres dirigeants européens - notamment le président français Emmanuel Macron, qui a décrit Donald Trump comme quelqu'un qui a "la volonté de progresser avec nous" - Angela Merkel a déploré des discussions pas "du tout satisfaisantes" ayant abouti à un "six contre un".

Reste à déterminer quelles seront les conséquences concrètes de cette escalade verbale sur les relations entre les deux géants économiques.

Peu avant le tweet matinal de Donald Trump, la ministre allemande de l'Economie, Brigitte Zypries, s'était efforcée de minimiser l'importance des propos présidentiels sur le sujet de l'excédent commercial allemand.

"Je fais une différence entre le président américain Trump et ceux qui ont aussi leur mot à dire aux Etats-Unis, comme les ministres, les gouverneurs et le Congrès", avait-elle lancé sur la radio publique NDR. "Les entreprises allemandes veulent continuer à investir aux Etats-Unis et à y créer des emplois", avait-elle ajouté.

Donald Trump et Angela Merkel ont d'ores et déjà une nouvelle rencontre en vue: elle aura lieu lors du sommet du G20, début juillet, à Hambourg.

Avec AFP

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