"Il y a des lignes rouges très claires qui doivent être dessinées dès le début", a averti le ministre mexicain de l'Economie Ildefonso Guajardo, avant une rencontre avec les responsables américains, mercredi et jeudi, au côté du ministre mexicain des Affaires Etrangères, Luis Videgaray.
A la question de savoir si la délégation mexicaine quitterait les discussions si le sujet du mur et des envois de fonds des migrants mexicains étaient mis sur la table, M. Guadajardo a répondu sur la chaîne Televisa: "Absolument."
Donald Trump s'est engagé durant la campagne présidentielle à construire un mur le long de la frontière entre les deux pays, et a menacé de le faire financer en ponctionnant les quelque 25 milliards de dollars que les migrants mexicains envoient chaque année à leur famille restée au Mexique.
Il doit signer à partir de mercredi des décrets limitant l'octroi de visas, l'accueil de réfugiés et l'immigration, selon des médias américains.
"Grand jour prévu demain sur la SECURITE NATIONALE. Parmi beaucoup d'autres choses, nous allons construire le mur!", a twitté Donald Trump mardi soir.
Cette première réunion USA-Mexique vise à préparer la rencontre entre le nouveau président américain et son homologue mexicain Enrique Peña Nieto, prévue le 31 janvier à Washington.
En plus du mur, Trump souhaite renégocier le traité de libre-échange Aléna signé avec le Mexique et le Canada, et a averti la semaine dernière que son pays quitterait ce traité s'il n'obtenait pas un "accord équitable".
Le gouvernement mexicain s'est dit prêt à "moderniser" cet accord en vigueur depuis 1994 et qui représente annuellement un commerce bilatéral de 531 milliards de dollars.
A peu près 80% des exportations mexicaines prennent la chemin des Etats-Unis, un indicateur clair de la dépendance du Mexique envers son voisin du Nord.
Mais M. Guajardo a prévenu mardi que le Mexique était également disposé à rompre le traité.
"Si nous nous dirigeons vers un traité qui serait moins que ce que nous avons aujourd'hui, cela n'a aucun sens de rester", a-t-il prévenu.
L'économiste Luis de la Calle, un des négociateurs mexicains du traité Aléna, estime qu'il faut être prêt à quitter les négociations si nécessaire.
Trump "exerce une (forte) pression (pour) obtenir un maximum de concessions", déplore-t-il, interrogé par l'AFP.
Alors que la communication avec les Etats-Unis se tend, le gouvernement mexicain se tourne vers d'autres pays en vue de signer de nouveaux accords commerciaux.
Après l'annonce lundi que les Etats-Unis se retiraient du traité de libre-échange transpacifique (TPP), Peña Nieto a annoncé que son gouvernement chercherait immédiatement à négocier des accords bilatéraux avec les pays signataires afin de diversifier ses partenaires commerciaux.
Mexico entretient de bonnes relations avec la Chine mais ce pays est un "gros souci" pour l'administration de Trump, estime Guajardo.
La deuxieme puissance économique d'Amérique Latine, ne peut toutefois ignorer l'importance du marché nord-américain même si elle cherche à diversifier ses partenaires étrangers, souligne Valeria Moy, directrice du think tank Mexico Como Vamos.
"Si vous avez le plus grand marché au monde juste à côté, c'est ce marché dont vous devez vous occuper, point final," commente-t-elle. "Ce que l'on peut diversifier, c'est ceux à qui l'on achète".
Avec AFP