Ce vendredi aura lieu la passation de pouvoir entre vous et le lieutenant-colonel Zida. N'est-ce pas étrange que le Premier ministre vous transmette le pouvoir ?
Michel Kafando : "Non. Cette cérémonie est prévue depuis longtemps, avant même que je ne sois investi. Malheureusement, les contingences n'ont pas permis de respecter le calendrier, sinon cette passation de pouvoir aurait eu lieu le jour de mon investiture. Autre contrainte : la présence des chefs d'Etat, notamment Macky Sall, président du Sénégal et président du groupe de contact qui n'était pas disponible avant vendredi."
Pourquoi avoir choisi le lieutenant-colonel Zida comme Premier ministre ?
Michel Kafando : "Monsieur Yacouba Isaac Zida a joué un rôle énorme dans la pacification de ce pays, si j’ose dire. M.Zida fait partie d’un groupe de jeunes officiers qui, devant le danger, ont préférer pactiser avec la population et refuser délibérément d’utiliser leurs armes. Nous considérons de tels militaires comme des patriotes. Personnellement, je pense qu’avec ce qu’ils ont fait, il est normal qu’ils puissent être à nos côtés jusqu'à la fin de notre mandat, qui est d'organiser des élections en 2015. Il faut que l'armée nous accompagne. Ceux qui peuvent nous accompagner sont ceux qui, lorsqu'il y a eu l'insurrection, ont choisi de ne pas sacrifier de vies humaines.”
Entre vous et Zida, qui détiendra le pouvoir ?
Michel Kafando : "Je peux vous certifier qu'il n'y aura pas de dualité. Nous savons ce que nous allons faire. Nous nous comprenons parfaitement. C'est dommage que les gens interprètent les situations. Nous avons un travail à accomplir qui commencera dès la formation du gouvernement. Notre programme est de faire en sorte que nous allions aux élections en novembre 2015 dans la sérénité et la transparence. Il n'y a pas de dualité entre le Premier ministre et le président."
Il semble qu'il y ait des blocages pour former le gouvernement. Que répondez-vous ?
Michel Kafando : "Le président et le Premier ministre, nous travaillons pour affiner les choses. Il y a beaucoup de candidatures. Il est difficile de tout régler, de trouver des ministres en 24 heures avec toutes les composantes qui ont participé à ce mouvement."
Une fois le gouvernement forme, quelles sont vos priorités ?
Michel Kafando : "La priorité, c'est la stabilité. Pour cela, nous comptons sur les militaires. Si nous voulons une stabilité jusqu'à la fin de notre mandat, nous avons besoin de bras armes pour s'assurer que nous n'aurons pas de problèmes. Ces militaires ont montré leur loyauté à l'égard du peuple. Ensuite, nous pensons pouvoir régler un certain nombre de contentions qui durent depuis trois ans : les détournements, la corruption, prévarication. Nous allons essayer de mettre un terme à cela. Il y a l'impunité. Tous ceux qui seront convaincus de détournement de fonds seront passibles de jugement. Il y a aussi le problème de la jeunesse aussi. Ce qui s'est passe au Burkina, c'est la jeunesse qui s'est levée pour dire non à une certaine façon de gouverner."
Propos recueillis par Idriss Fall