Qu’il s’agisse de la dengue, de la fièvre jaune ou du paludisme – à travers le monde, un million de personnes meurent chaque année de maladies causées par une piqure de moustique. Et de nouveaux travaux publiés dans la revue « Current Biology »révèlent à quel point ces moustiques sont efficaces, lorsqu’il s’agit de cibler leur proie. Une tendance qui pourrait un jour aider à juguler cette menace.
Le moustique part à l’attaque lorsqu’il détecte du dioxyde de carbone – le gaz exhalé par tous les mammifères. A l’approche de sa proie, il détermine s’il s’agit d’un chien, d’un être humain ou autre cible, grâce aux odeurs qui émanent du corps de sa victime, et sa chaleur.
Michael Dickinson du California Institute of Technology (CalTech) - l’institut de technologie de Californie – a voulu déterminer comment ces bestioles microscopiques, aux cerveaux minuscules, pouvaient déclencher une offensive si efficace. Il s’agissait également de comprendre pourquoi certaines personnes sont plus que d'autres la cible des moustiques.
« A cause des recherches que nous avions faites sur les mouches à fruits, on se doutait que la vision pouvait jouer un rôle très important et sous-estimé, en permettant au moustique de se rapprocher de sa cible », explique en substance M. Dickinson.
L’équipe de CalTech a lâché du dioxyde de carbone dans un tunnel et utilisé des caméras pour suivre la trajectoire des moustiques attiré par ce fumet. Les chercheurs ont également projeté des images d'objets sombres sur le sol et les parois du tunnel, pour voir comment les moustiques réagiraient à quelque chose qui pourrait ressembler à une cible potentielle, même de loin.
« Le plus frappant et surprenant, c’est que les moustiques font l’allée et venue pendant des heures. Il s’agit de femelles qui ont faim, et elles ont complètement boudé les objets sur le sol ou les murs du tunnel. Mais dès qu’elles ont détecté du CO2, leur comportement a changé de façon dramatique, et ces objets sombres les ont attiré » déclare M. Dickinson.
Le scientifique et son équipe en ont conclu qu’une fois que les moustiques comprennent qu’une victime se rapproche, ils tentent de la rejoindre. Et comme ils passent leur temps à rechercher la même chose, il est difficile de les distraire. Ils se fixent sur leur proie jusqu’à ce qu’ils parviennent à leur but, ajoute M. Dickinson.
Comprendre la mentalité des moustiques pourrait aider à leur barrer le chemin, fait valoir Matt DeGennaro de l’université internationale de Floride. Le scientifique cherche à créer des mutations génétiques qui affectent l’odorat des moustiques. « Il faut qu’on sache quels gènes contrôlent ce processus à tous ses stades. Et l’on pourra utiliser ces informations pour mettre au point un nouveau parfum qui empêcherait les moustiques de nous détecter, ou pourrait provoquer des réactions qui feraient craindre au moustique un danger, les encourageant à ne pas s’approcher » affirme M. DeGennaro.