"Je crois qu'en théorie, on ne peut pas fermer son cœur à un réfugié", a déclaré le pape François, s'exprimant dans l'avion qui le ramenait d'un déplacement en Suède. "Les gouvernants doivent être très ouverts à les recevoir, mais aussi faire des calculs sur leur accueil, parce qu'on doit non seulement accueillir un réfugié, mais aussi l'intégrer", a-t-il ajouté.
"Il n'est pas humain de fermer les portes et les cœurs, et à la longue ça se paie politiquement. Tout comme peut se payer politiquement une imprudence dans les calculs, en recevant plus de personnes qu'on ne peut intégrer", a insisté le pontife argentin, en admettant que chaque pays avait sa propre capacité d'intégration.
"Le plus mauvais conseiller pour les pays qui tendent à fermer les frontières est la peur. Le meilleur conseiller est la prudence", a encore affirmé le pape.
Il a également fait une distinction entre "migrants" et "réfugiés". "Les migrants doivent être traités avec certaines règles, parce que migrer est un droit, mais un droit très règlementé. En revanche, être réfugié provient d'une situation de guerre, d'angoisse, de faim, d'une situation terrible et le statut de réfugié a besoin de plus de soins, plus de travail".
Reste que le danger pour réfugiés et migrants est le même lorsqu'ils ne sont pas intégrés: "ils entrent dans un ghetto". "Et une culture qui ne se développe pas par rapport à une autre culture, c'est dangereux", a estimé François.
Le pape est rentré dimanche d'un déplacement en Suède, un petit pays qui a une longue tradition d'accueil et a accepté 245.000 réfugiés entre 2014 et 2015.
Il a participé lundi à une commémoration des 500 ans de la Réforme de Luther, puis a célébré la messe de la Toussaint avec la petite communauté catholique du pays. Cette dernière est essentiellement composée de fidèles d'origine étrangère arrivés par différentes vagues dans le pays.
En Suède, il s'est entretenu avec un fonctionnaire du gouvernement, qui a évoqué les difficultés de son pays, face à l'afflux actuel, pour organiser l'accueil des réfugiés, leur trouver un logement, une école ou un travail.
"Je ne crois pas que la Suède diminue sa capacité d'accueil par égoïsme", a commenté le pape. "Tant de personnes ont la Suède en ligne de mire, parce qu'elles connaissent sa tradition d'accueil, mais en matière d'organisation il n'y a plus le temps nécessaire pour s'occuper de tout le monde", a-t-il expliqué.
Avec AFP