Environ 84.000 personnes ont manifesté samedi dans le cadre de l'acte 9 des "gilets jaunes", contre 50.000 la semaine dernière, a annoncé le ministère de l'Intérieur, qui a également fait état de 244 interpellations sur l'ensemble du territoire.
"Il y a un regain assez formidable depuis une semaine et qui va encore s'accentuer", croit savoir Thibault Devienne, 23 ans, un "gilet jaune" de Juvisy, en banlieue parisienne.
A Paris, 8.000 manifestants battaient le pavé. Partis du ministère de l'Economie, dans l'est de la capitale, la plupart se sont dirigés vers les Champs-Elysée dans le calme.
Mais en milieu d'après-midi, des heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et manifestants.
Place de l'Etoile, en haut des Champs-Elysées, un journaliste de l'AFP a assisté à plusieurs salves de grenades lacrymogènes tout près de l'Arc de Triomphe, théâtre d'importants affrontements le 1er décembre, dont les images avaient fait le tour du monde. Des canons à eau étaient également employés.
Beaucoup de manifestants sont venus équipés de casques, masques et fumigènes pour certains.
Selon un dernier bilan de la Préfecture de Police, 59 personnes ont été interpellées samedi à Paris.
Les autorités avaient dit craindre des violences et déployé un dispositif de sécurité important, notamment des véhicules blindés à roues de la gendarmerie dans la capitale.
"On est venu à Paris pour se faire entendre et on voulait voir au moins une fois de nos propres yeux ce qu'il se passait ici", explique Patrick, 37 ans, venu de Savoie, dans l'est de la France.
Calme le matin
Ailleurs en France, les manifestants étaient nombreux à défiler. Comme à Bourges, une ville du centre du pays de 66.000 habitants où ils étaient environ 4.800 à manifester dans le calme sur un parcours autorisé, tandis que 500 autres ont choisi de se rendre dans le centre, interdit à tout rassemblement.
Là-bas de premiers affrontements ont éclatés vers 15 heures (14 heures GMT).
En marge de la manifestation, 18 personnes ont été interpellées, selon la préfecture. Cinq d'entre elles l'ont été dans une voiture où les forces de l'ordre ont retrouvé des billes métalliques, susceptibles de servir de projectiles.
"Ceux qui appellent aux manifestations demain savent qu'il y aura de la violence et donc ils ont leur part de responsabilité", avait prévenu vendredi le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.
Cette journée a valeur de test pour Emmanuel Macron et son gouvernement. Le mouvement, dont l'impact sur l'économie française est sévère d'après les autorités, reste populaire dans l'opinion publique malgré les violences qui ont émaillé les mobilisations.
Les "miettes" des mesures Macron
Depuis le 17 novembre, des Français issus des classes populaires et moyennes dénoncent la politique fiscale et sociale du gouvernement, qu'ils jugent injuste, et réclament plus de pouvoir d'achat. Ces "gilets jaunes" sont restés insensibles aux concessions annoncées par M. Macron.
"On attend des mesures concrètes, les annonces de Macron ce sont des miettes payées par les contribuables. Il parle de faire des efforts mais c'est à eux d'en faire", dénonce Carole Rigobert, 59 ans, auxiliaire de vie venue du Jura (est) venue avec son mari jusqu'à Bourges.
Vendredi, le chef de l'Etat s'est attiré des critiques en déclarant que "les troubles que notre société traverse sont parfois dus au fait que beaucoup trop de nos concitoyens pensent qu'on peut obtenir" quelque chose "sans que cet effort soit apporté".
L'exécutif doit lancer mardi un grand débat national pour rapprocher la population des décideurs politiques. Il a fait de cette consultation sa priorité des premiers mois de l'année, y voyant une porte de sortie de la crise sociale, mais aussi la possibilité de reprendre la main politiquement.
L'enjeu est de taille, au moment où la défiance vis-à-vis des institutions politiques et des acteurs de la vie démocratique en France, au premier chef Emmanuel Macron, est au plus haut, selon une enquête d'un institut français de recherches politiques, le Cevipof.