LONDRES (Reuters) - Sur les 2,9 milliards de dollars promis pour combattre l'épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l'Ouest, 40% seulement ont réellement atteint les pays concernés, d'après une étude pilotée par une experte en santé publique de la New York University et publiée mardi dans le British Medical Journal (BMJ).
L'étude s'appuie sur les chiffres du Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha), qui note qu'à la fin de l'année dernière, les pays concernés avaient reçu 1,09 milliard de dollars. "Ces retards (de versements) ont pu contribuer à la propagation du virus et pourraient même avoir accru les besoins de financement", écrit Karen Grepin, spécialiste des politiques de santé publique de la New York University.
Karen Grepin note aussi que les agences sanitaires mondiales ont eu du mal à fournir des estimations fiables des financements nécessaires pour lutter contre la propagation du virus. L'étude publiée par le BMJ rappelle que la Guinée a informé l'OMS d'une "épidémie au développement rapide" du virus Ebola le 23 mars 2014 mais qu'il a fallu attendre le mois d'août pour qu'un premier appel majeur de financement international soit lancé - il s'agissait alors de réunir 71 millions de dollars.
A la mi-septembre 2014, les Nations unies estimaient à 1 milliard de dollars le coût de la lutte contre l'épidémie. Deux mois plus tard, cette estimation était revue à la hausse de 50%. "A l'évidence, les dirigeants internationaux ont eu du mal à estimer les exigences financières nécessaires pour lutter contre l'épidémie", souligne Karen Grepin.
L'épidémie en cours depuis plus d'un an a fait plus de 8.800 morts, essentiellement en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. Il s'agit de la pire épidémie liée à Ebola depuis la découverte du virus en 1976 dans l'actuelle République démocratique du Congo. Les derniers bilans de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) tendent à démontrer un ralentissement net de l'épidémie en ce début d'année.