M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte un an et demi après la chute de Hosni Moubarak, avait été destitué et arrêté le 3 juillet 2013 par le chef de l'armée d'alors, le général Abdel Fattah al-Sissi, élu ensuite triomphalement en mai 2014 après avoir éliminé toute opposition de la scène politique. Et ce au prix d'une implacable et sanglante répression des partisans de M. Morsi, notamment sa confrérie des Frères musulmans.
L'ex-chef de l'Etat est jugé avec 14 autres dirigeants des Frères musulmans pour leur responsabilité présumée dans la mort de 10 manifestants le 5 décembre 2012 devant son palais présidentiel d'Itihadya. Le verdict est attendu le 21 avril, ont indiqué à l'AFP des responsables du tribunal du Caire qui les juge.
Des heurts avaient éclaté ce jour-là entre pro et anti-Morsi après que le président islamiste eut édicté un décret étendant considérablement ses pouvoirs.
M. Morsi et la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans, la confrérie qui avait remporté toutes les élections depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, sont également jugés dans deux autres procès, pour espionnage et pour leur évasion de prison durant la révolte populaire qui abattit le régime Moubarak.
Dans une nouvelle audience jeudi, l'ex-président est apparu souriant aux côté de ses co-accusés, dans l'uniforme blanc des détenus et dans un box grillagé et isolé phoniquement par une vitre, dans un tribunal placé sous haute surveillance en plein coeur de l'académie de police du Caire.
Depuis sa destitution, le nouveau régime, d'abord dirigé de facto par M. Sissi, promu maréchal avant d'être élu président, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués par policiers et soldats --dont plus de 700 en quelques heures au centre du Caire le 14 août 2013--. Plus de 15.000 Frères musulmans ou sympathisants ont été arrêtés et des centaines ont déjà été condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés, par l'ONU, de "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.
Les Frères musulmans ont été déclarés "organisation terroriste" en décembre 2013, le nouveau gouvernement les accusant d'être derrière une vague d'attentats qui décime policiers et soldats dans tout le pays. Ces attaques sont cependant régulièrement dénoncées par la confrérie et revendiquées par des groupes jihadistes qui disent vouloir venger les islamistes tués dans les manifestations depuis un an et demi.