Israël a affirmé avoir visé des "terroristes" du Hamas palestinien lors de cette dernière attaque en date de son armée mercredi contre une école transformée en camp de déplacés dans le territoire palestinien dévasté par plus de 11 mois de guerre. Celle-ci a été déclenchée par une attaque du mouvement islamiste Hamas contre Israël le 7 octobre. Israël a juré de détruire le Hamas et lancé une campagne de bombardements aériens suivie d'une offensive terrestre à Gaza, qui ont fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire et sanitaire.
Le patron de l'ONU Antonio Guterres a "condamné la mort d'au moins 18 personnes, dont des enfants, des femmes et six employés de l'Unrwa (l'agence pour les réfugiés palestiniens), dans des frappes aériennes israéliennes qui ont touché une école servant d'abri à Nousseirat", dans le centre de la bande de Gaza. Lorsqu'une école "devient un centre de commandement et de contrôle du Hamas (...) elle devient alors une cible légitime", a affirmé plus tôt David Mencer, un porte-parole du gouvernement israélien.
"Cet incident doit faire l'objet d'une enquête indépendante et approfondie", a ajouté M. Guterres, exhortant "toutes les parties à s'abstenir d'utiliser les écoles, les abris ou les zones environnantes à des fins militaires". Selon l'ONU, 12.000 déplacés avaient trouvé refuge dans l'école qui a déjà été visée plusieurs fois depuis le début de la guerre.
"Scandalisé"
Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, s'est dit "scandalisé". "Le mépris des principes fondamentaux du droit international humanitaire, en particulier de la protection des civils, ne peut et ne doit pas être accepté par la communauté internationale." Même son de cloche à Berlin, qui a jugé "totalement inacceptable" la mort des humanitaires. Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a appelé à protéger les travailleurs humanitaires, affirmant aussi "continuer de voir le Hamas se cacher dans ces sites". L'armée israélienne a indiqué dans un communiqué que son aviation avait "mené une frappe de précision sur des terroristes qui opéraient" dans l'école.
Elle a ensuite dit avoir demandé à l'Unrwa de lui fournir "des informations détaillées et les noms des travailleurs", afin d'enquêter. Juliette Touma, directrice de la communication à l'agence onusienne, a indiqué à l'AFP ne pas avoir connaissance d'une telle demande, affirmant que l'Unrwa "partage chaque année les listes de tous ses employés avec les gouvernements hôtes et, dans le contexte de la Cisjordanie et de Gaza, avec l'Etat d'Israël en tant que force occupante". "Il n'y a aucun lieu sûr à Gaza", s'est lamentée Oum Ayman, une Palestinienne, devant l'hôpital des martyrs d'al-Aqsa de Deir al-Balah, où ont été transportés des blessés dans la frappe de l'école. "Les enfants, les personnes âgées, les femmes, qu'ont-ils fait de mal pour finir en morceaux?"
"Ampleur stupéfiante"
Ces derniers mois, l'armée a frappé plusieurs écoles dans la bande de Gaza, accusant le Hamas d'y opérer. Ce mouvement, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et est considéré comme terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis, dément ces accusations. La grande majorité des 2,4 millions d'habitants du territoire palestinien ont été déplacés et beaucoup ont trouvé refuge dans des écoles. Ailleurs dans la bande de Gaza, au moins 15 Palestiniens ont été tués jeudi dans les bombardements incessants israéliens, dont sept y compris des enfants à Gaza-ville (nord), selon la défense civile.
Sur le front humanitaire, l'Organisation mondiale de la Santé a annoncé que le premier cycle de vaccination anti-polio à Gaza avait probablement atteint son objectif. Selon elle, plus de 552.000 enfants ont reçu une première dose et la deuxième doit leur être administrée dans environ quatre semaines. En Israël, le chef d'une unité d'élite de l'armée chargée de décoder et analyser les informations obtenues par le service de renseignement, a annoncé sa démission dans le sillage de l'échec de son service à empêcher l'attaque du 7 octobre. Ce jour-là, des commandos du Hamas infiltrés de Gaza dans le sud d'Israël ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée. Les représailles israéliennes ont fait au moins 41.118 morts, selon un bilan du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas. La majorité des morts sont des femmes et des enfants, d'après l'ONU. La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a averti par ailleurs d'une "dévastation" économique d'une "ampleur stupéfiante" à Gaza où la reconstruction se chiffrera en dizaines de milliards de dollars, selon un rapport publié jeudi.
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