Le juge Raphaël Yanyi Ovungu est mort dans la nuit du 26 au 27 mai, deux jours après avoir présidé la deuxième audience de ce procès ayant pour principal accusé Vital Kamerhe, l'un des principaux collaborateurs et alliés politiques du chef de l'Etat Félix Tshisekedi.
Le parquet avait annoncé l'ouverture d'une enquête et demandé une autopsie pour déterminer les "causes ou moyens" du décès.
Le magistrat est décédé d'une "hémorragie" résultant d'un "traumatisme" crânien et des "coups" reçus "à un endroit très sensible du crâne", a dévoilé le ministre, Célestin Tunda Ya Kasende, en condamnant au nom du gouvernement un "acte ignoble".
Le ministre citait les conclusions d'un rapport d'autopsie auquel ont participé selon lui un médecin légiste congolais et l'un de ses collègues de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco).
Le gouvernement "appelle la population au calme", ajoute le ministre dans un communiqué.
Le jugement dans ce procès doit être rendu samedi. Le parquet a requis le 11 juin 20 ans de prison à l'encontre de M. Kamerhe et de son principal coaccusé, un entrepreneur libanais.
Tous deux sont poursuivis pour détournement de quelque 50 millions de dollars de fonds publics.
L'exécutif "marque son soutien à l'ensemble du corps des magistrats", a ajouté le ministre.
"L'autopsie a également révélé l'existence de substances toxiques à doses non létales dans le corps du défunt", selon le communiqué.
Ces substances "ne sont pas la cause directe du décès", a expliqué le ministre à la presse. "La cause principale du décès, ce sont les coups qu'il a reçus et particulièrement à un endroit très sensible du crâne", a-t-il souligné.
Des rumeurs d'empoisonnement du juge avaient circulé dans Kinshasa à l'annonce de sa mort.
Le juge âgé d'une cinquantaine d'année était apparu en bonne santé lors des deux premières audiences de ce procès retransmis en direct à la télévision, et qui captive les Congolais.
Après son décès, le procès avait repris avec un nouveau président à la tête du tribunal qui siège dans la cour de la prison centrale de Kinshasa, où M. Kamerhe est en détention préventive depuis le 8 avril.
M. Kamerhe avait présenté ses condoléances à la famille du juge.
Son parti, l'Union pour la nation congolaise (UNC), avait demandé aux autorités de faire la lumière sur "le décès inattendu du juge", dénonçant "des critiques tendancieuses dirigées contre son président national (Vital Kamerhe) et ses avocats" après cette "mort inopinée".
Ancien président de l'Assemblée nationale, passé à l'opposition, M. Kamerhe, 61 ans, a été le principal allié de Félix Tshisekedi lors de l'élection présidentielle du 30 décembre 2018 qui a conduit à la première transition pacifique du pouvoir.