La Mara Salvatrucha compte environ 10.000 membres aux quatre coins des Etats-Unis. Les arrestations et les expulsions de ses leaders dans les années 1990 n’ont pas produit l’effet escompté. Au contraire, le MS-13 a vu sa légitimité renforcée en dehors du Salvador comme au Mexique et au Honduras, où plusieurs branches du gang se sont implantées.
Sur la radio NPR, Jorja Leap, une spécialiste de la culture des gangs à l'université UCLA de Los Angeles, insiste sur les origines du MS-13 : "il est né à Pico Union, un quartier dans le centre de Los Angeles. Son but était de protéger les locaux des autres gangs, notamment du gang mexicain 18th Street."
Leap souligne que la prolifération du gang ces dernières décennies n’est pas une affaire d’immigration mais de violence et de misère.
Les recrues sont généralement des adolescents sans soutien familial. Le rituel d’initiation consiste en un passage à tabac de 13 secondes par les autres membres et l’homicide.
Les crimes du MS-13 sont similaires à n’importe quel autre gang violent : trafic de drogues, d’armes, d’êtres humains, et assassinats, etc. Cependant, la Mara Salvatrucha tue aussi à l’aveugle, éliminant les individus qu’elle croise sur son chemin.
En septembre 2016, deux adolescentes ont été attaquées à coups de batte de baseball. En avril 2017, ce sont quatre jeunes qui ont été découpés à la machette – l’arme favorite du gang. La police de Long Island, dans la grande banlieue de New York, estime que 17 personnes auraient été tuées en 18 mois seulement.
Le président américain Donald Trump a utilisé ces statistiques terrifiantes pour légitimer la construction d’un mur à la frontière mexicaine et le durcissement de la politique migratoire.
"Aujourd’hui, j’appelle le Congrès a fermé définitivement les failles meurtrières qui ont permis au MS-13 et d’autres gangs criminels de s’introduire dans notre pays", a déclaré le Président durant son discours sur l’état de l’Union.
Trump a précédemment mis en cause l’administration Obama suite à la prolifération du gang aux Etats-Unis. Dans une vidéo postée sur Twitter le 10 février dernier, Trump a dénoncé les "tristes, faibles et pathétiques" lois sur l’immigration et la "menace vicieuse" que représente le MS-13.
Donald Trump faisait référence aux lois sur la loterie des visas (green card) et celles qui permettent aux Américains naturalisés de faire venir aux Etats-Unis des membres de leur famille ; ce que les Républicains appellent chain migration. Le locataire de la Maison Blanche affirme que le MS-13 exploite ce système.
Aucune mesure pour modifier la législation actuelle n’a encore été votée au Congrès. Cependant, les arrestations des membres du gang ont augmenté de 38% depuis le début de la présidence Trump.
En 2017, de nombreux raids ont permis d'arrêter un grand nombre de leaders du gang. Selon CNN, en mai 2017, 104 des 1.300 membres de gang arrêtés feraient partis du MS-13.
Mais pourquoi est-il si difficile de les éliminer ? Jorja Leap décrit la lutte contre le gang en utilisant la mythologie de l’Hydre : "on lui coupe une tête, et deux ou trois têtes poussent par la suite. Il y a une loyauté, beaucoup de silence et de suspicion dans la communauté. Le MS-13 est dans le viseur du FBI et du gouvernement depuis 2004, ce qui les rend d’autant plus suspicieux. Si tu balances, si tu donnes des informations, tu seras tué."
La spécialiste suggère que l’expulsion des leaders du gang crée un effet boomerang : "quand des individus du MS-13 sont expulsés, ils recrutent plus d’individus qu’ils font ensuite passer à la frontière."
L’administration Clinton a promulgué l’Illegal Immigration Reform and Immigrant Responsibility Act en 1996 pour expulser des milliers d’immigrés accusés de crimes – ces individus sont passés des prisons californiennes aux rues d’Amérique Centrale.
Selon un rapport publié dans The Economist en 2017, les villes d’Amérique latine subissent le taux de violence le plus élevé au monde, dû au phénomène des gangs. Depuis deux ans, San Salvador est ainsi considérée comme "la capitale mondiale du meurtre".
En 2016, il y a eu au moins 137 meurtres pour 100,000 personnes.