"Guidé par l'unique ambition de maintenir ces gens hors de l'Europe, le financement européen cherche à empêcher les bateaux de quitter les eaux libyennes, mais dans le même temps cette politique alimente un système criminel", accuse Joanne Liu, la présidente de MSF International, dans son courrier.
"Les dirigeants européens sont complices et nous voulons leurs réponses", a-t-elle martelé ensuite lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Mme Liu, qui a visité des "centres officiels de détention" en Libye où sont ramenés les migrants après avoir été interceptés par les gardes-côtes libyens, rapporte des conditions infernales, dans des pièces surpeuplées, sales, sans ventilation.
"Les gens y sont tout simplement traités comme des marchandises prêtes à être exploitées", explique-t-elle, faisant état de cas de viols et d'humiliations.
Les gouvernements européens ne devraient pas, selon elle, se réjouir d'une chute des traversées de la Méditerranée ces dernières semaines.
"Sachant ce qui se déroule en Libye, un tel +succès+ prouve, au mieux, une hypocrisie, au pire, une complicité cynique dans la tentative de réduire l'être humain à l'état d'une marchandise aux mains des trafiquants", dénonce Mme Liu.
"Dans leur effort pour endiguer le flux, les gouvernements européens seront-ils prêts à assumer le prix du viol, de la torture et de l'esclavage", s'indigne encore la présidente de MSF.
Devant les journalistes, Joanne Liu a demandé à ce qu'"au moins, on arrête de renvoyer les gens dans ce pays cauchemardesque qu'est la Libye actuellement".
Avec AFP