Il « est impossible que les femmes soient égales aux hommes… Elles se marient, elles doivent avoir des bébés, doivent vivre à domicile – c’est un problème ». C’est l’une des premières déclarations controversées – nous vous le disions - de Robert Mugabe à Addis-Abeba, où le chef de l’Etat zimbabwéen a pris ce vendredi la tête de l'Union africaine (UA).
Les propos de Robert Mugabe tombent à l’heure où les dirigeants africains se penchent justement sur la question de l’émancipation de la femme africaine, à l’occasion de leur sommet de deux jours dans la capitale éthiopienne.
Sandra Nyaira du service zimbabwéen de la VOA a demandé au Président Mugabe d’expliquer exactement ce qu’il entendait par sa déclaration qui n’a pas manqué de choquer plus d’un.
Et Mugabe a eu ses mots : « Il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas facile pour les femmes. Elles se marient, elles doivent avoir des bébés, elles doivent rester à la maison, c’est un problème. Je veux dire, ce n’est pas possible pour les femmes de pouvoir être égales aux hommes. Vous voyez, nous les hommes, nous voulons des enfants. Nous rendons les mêmes femmes que nous voulons mettre au pouvoir, enceintes. Vous comprenez… Alors que nous les hommes, nous sommes toujours là. Ça, ce n’est pas possible – rien que cet aspect-là ! »
Des commentaires qui font surgir d’autres interrogations : l’homme de 90 ans se lamente-t-il de l'inégalité homme-femme qui perdure ou exhorte-t-il à un changement de la situation, ou encore croit-il que cela fait partie de l'ordre naturel des choses ?
Robert Mugabe n’est pas à sa première polémique sur les femmes. En 2013, il avait traité ses ennemis politiques de "simples femmes."
Mais davantage de confusion : le chef de l’Etat zimbabwéen a dit prôner l’égalité de rémunération entre hommes et femmes, voire de meilleures prestations de maternité.
« Elles doivent recevoir un salaire pendant toute la période de grossesse. Les entreprises ou le gouvernement ne peuvent pas dire ‘’ha ha ha’’, nous allons seulement vous payer trois mois. Ça doit être pour tous les neuf mois », a déclaré Mugabe.
En réaction, l’avocate zimbabwéenne des droits humains Beatrice Mtetwa n’a pas pu s’empêcher de rire. De Harare, elle s’est confiée à la VOA via Skype : «Il m’est impossible de croire que le président ait pu dire quelque chose comme ça. Je veux dire, on veut se moquer de moi, quoi ! C’est incroyable ! Car en 2013 il a lui-même inclus une clause dans la Constitution pour essentiellement donner tous les pouvoirs possibles aux femmes du Zimbabwe et faire qu’elles soient égales aux hommes. »
Beatrice Mtetwa est aussi d’avis que si le nouveau patron de l’Union africaine voulait délibérément dénigrer les femmes, eh bien, dit-elle, il a, par la même occasion, disqualifié la personne qui est donnée comme son successeur – sa propre épouse.