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Mugabe fait ripaille avec ses partisans pour ses 93 ans


Le président zimbabwéen Robert Mugabe et sa femme Grace assistent à ses 93 ans d'anniversaire à Matopos, dans la banlieue de Bulawayo, 25 février 2017.
Le président zimbabwéen Robert Mugabe et sa femme Grace assistent à ses 93 ans d'anniversaire à Matopos, dans la banlieue de Bulawayo, 25 février 2017.

Le président du Zimbabwe Robert Mugabe, plus vieux dirigeant en exercice de la planète, a invité samedi des milliers de partisans à célébrer son 93e anniversaire lors de luxueuses agapes, plus controversées que jamais dans un pays au bord de la ruine.

Comme chaque année, ce banquet conclut une semaine d'extravagances à la gloire du chef de l'Etat, qui dirige sans partage l'ex-colonie britannique depuis son indépendance en 1980.

D'un coût estimé à un million de dollars, ces ripailles gargantuesques suscitent la colère d'une population dont la quasi-totalité est privée d'emploi formel et souffre de pénuries alimentaires.

Pour son 92e anniversaire en 2016, Robert Mugabe avait servi à ses invités de la viande d'éléphant et de buffle à foison et un énorme gâteau d'un poids, en kilos, équivalent à son âge.

Cette année, l'un des nombreux gateaux d'anniversaire représentait l'une des limousines Mercedes Benz de Mugabe.

Mais ces frasques se doublent d'une polémique historique.

La fête se tient dans le parc national de Matobo (sud), près d'un site où reposent les victimes d'une des vagues de répression les plus meurtrières ordonnées par Robert Mugabe.

En février 1982, sa tristement célèbre 5e brigade, entraînée en Corée du Nord, avait fait dans cette région du Matabeleland quelque 20.000 morts parmi les partisans de son compagnon de lutte devenu rival Joshua Nkomo.

"Cela ne devrait pas être un lieu de célébration", a déclaré à l'AFP Mbuso Fuzwayo, un porte-parole du groupe de pression Ibhetshu Likazulu. "Toute la région est une scène de crime où les os des victimes des massacres de Gukurahundi sont enterrés".

- 'Irremplaçable' -

Bien loin de ces critiques, Robert Mugabe a profité de ses 93 ans pour tordre le cou aux rumeurs sur son état de santé, bien décidé à perpétuer son règne.

"La majorité des gens pensent qu'il n'y a personne pour me remplacer", a-t-il assuré lors d'un entretien télévisé. "Si je pense que je ne peux plus le faire, je le dirai pour que mon parti me remplace. Mais pour le moment, je ne pense pas pouvoir dire ça", a poursuivi le chef de l'Etat, pourtant apparu usé et hésitant.

Depuis mardi, date de son anniversaire, les médias d'Etat rivalisent de compliments à son endroit.

Le quotidien The Herald a publié 24 pages remplies de messages de félicitations de ministres et de soutiens du régime, la radio et la télévision inondé leurs ondes de chansons à sa gloire.

"C'est un honneur et un privilège de partager une célébration avec une telle icône lumineuse", a renchéri à l'AFP un cadre local de son parti, la Zanu-PF, Sibongile Ndiweni.

La Zanu-PF a d'ores et déjà investi son chef historique pour briguer un nouveau mandat lors des élections de 2018.

Robert Mugabe s'est jusque-là toujours gardé de nommer un dauphin. Mais sa deuxième épouse Grace, 51 ans, de plus en plus active au sein du parti, fait figure de favorite.

Toujours très respecté de ses pairs du continent, l'ancien instituteur continue à imposer son autorité à tout le pays, notamment grâce à une police omniprésente.

Toutes les écoles autour de Bulawayo ont été fermées jeudi et vendredi et mobilisées pour sa fête d'anniversaire.

"On a dit à nos enfants que leurs classes ont été transformées en lieux d'hébergement", s'est plaint à l'AFP le poète et opposant Desire Moyo. "Et ils vont devoir participer de force à la fête..."

Avec AFP

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